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Interview – La fraisiculture au Burkina Faso, un essor entrepreneurial sans précédent ? 

Nichée au cœur du quartier de Boulmiougou à Ouagadougou, la coopérative Namanegzanga incarne l’espoir d’une transformation économique au Burkina Faso à travers la culture de la fraise. Son président, Christophe Tapsoba, met en lumière dans cet entretien l’impact significatif de cette entreprise sur l’économie locale.

La culture de la fraise, bien que relativement nouvelle dans la région, offre des perspectives prometteuses en termes de création d’emplois, de génération de revenus et de diversification des activités agricoles, contribuant ainsi à atténuer la dépendance aux cultures traditionnelles et à renforcer la résilience économique des communautés locales. Toutefois, Christophe Tapsoba reconnaît également les défis auxquels la coopérative Namanegzanga est confrontée. 

Grâce à sa vision ambitieuse et à son engagement en faveur du développement durable, la coopérative Namanegzanga illustre le potentiel transformateur de l’agriculture pour stimuler la croissance économique et améliorer les conditions de vie dans les communautés rurales du Burkina Faso.

AFoS Media : Qui êtes-vous et pouvez-vous nous parler de votre coopérative de production de fraises, Namanegzanga ?

Christophe Tapsoba : Mon nom est Christophe Tapsoba et je suis le président de la coopérative Namanegzanga, qui se spécialise dans la production de fraises à Boulmiougou. Notre association est composée de 104 membres, dont une trentaine sont des femmes. Bien que nous cultivions des cultures traditionnelles comme la salade, les choux et les oignons, notre activité principale reste la production de fraises.

C’est pour cette raison que nous avons décidé de nous associer, afin de partager nos expériences, à l’instar des autres producteurs situés de l’autre côté du barrage de Boulmiougou. Dans les années à venir, nous aspirons à créer une union des producteurs de fraises de Boulmiougou. 

La culture de la fraise dans votre coopérative est-elle rentable ?

Effectivement, la culture de la fraise s’avère hautement lucrative et peut d’assurer un niveau de vie confortable. À titre d’exemple, cette année, nos membres ont réussi à récolter plus de 700 tonnes de fraises, écoulées sur le marché. Le prix du kilogramme de fraises fluctue entre 1500 et 3000 F CFA, selon la période de l’année.

En janvier, marquant le début de la saison de récolte, le kilogramme atteint jusqu’à 3000 F CFA. Toutefois, en février et en mars, en raison de la forte abondance sur le marché, le prix chute à environ 2000 et 1500 F CFA.

Quels sont les défis que vous rencontrez dans la culture et la commercialisation des fraises ?

 Premièrement, en raison de l’insécurité, notre secteur rencontre des difficultés d’écoulement des produits et nous ne disposons pas de chambre froide pour stocker ce que nous ne parvenons pas à vendre. Nous sommes régulièrement confrontés à un manque d’espace à l’aéroport pour exporter nos produits vers les pays voisins, notamment le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Parfois, nous souhaitons exporter 200 Kg, mais on ne nous accorde qu’une place pour 100 Kg. Face à une telle difficulté, nous sommes contraints de vendre à bas prix, car nous ne disposons pas de système de conservation.

Nous rencontrons également des difficultés liées à l’emballage. Pour les obtenir à temps pendant la récolte, nous devons passer commande en novembre. De plus, certaines personnes considèrent la fraise comme un produit de luxe. L’un des problèmes auxquels nous sommes confrontés est la communication autour de la fraise. De nombreuses personnes ignorent que nous cultivons des fraises à Boulmiougou. 

Avez-vous reçu un soutien pour développer votre activité de production de fraises ?

 Jusqu’à présent, aucune assistance gouvernementale ne nous est parvenue. Pour maintenir notre production de fraises, nous avons recours à des emprunts auprès d’une banque locale.

Nous lançons un appel sincère à toutes les personnes de bonne volonté qui pourraient nous aider en fournissant des pompes solaires et en aidant à curer le barrage qui se tarit rapidement en raison de l’ensablement.

Nous souhaitons disposer de puits de grand diamètre pour augmenter notre production et nous aimerions surtout recevoir de l’aide pour promouvoir la fraise auprès de la population.

Dô DAO (Stag)

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