ENTRETIEN

Dr Sylvie LEWICKI, directrice régionale du CIRAD pour l’Afrique de l’Ouest : « les chercheurs, ils mobilisent la science »

La région de Fatick à l’ouest du Sénégal, a accueilli la caravane nationale de la Dynamique pour une Transition Agro écologique au Sénégal (DyTAES). C’est un réseau qui regroupe des organisations faîtières de producteurs, de consommateurs, des ONG et des institutions de recherches, des réseaux d’organisations de la société civile sénégalaise et un réseau d’élus locaux engagés dans la transition agro écologique.

La mission de la DyTAES est de promouvoir la transition agro écologique au Sénégal par le plaidoyer, la sensibilisation de partage d’expérience et l’accompagnement des territoires en transition. A cette occasion, plusieurs institutions de recherches membre du réseau ont marqué leur présence.

C’est le cas du Docteur Sylvie LEWICKI, Directrice régionale du CIRAD pour l’Afrique de l’Ouest, la zone sahélienne de l’Afrique de l’Ouest plus exactement Pour savoir davantage sur le bien-fondé de sa présence, Giraud Togbé l’a reçu en entretien.  

All For Science Media : Qu’est-ce qui justifie votre présence à cette caravane ?

Dr Sylvie LEWICKI : Le CIRAD est un organisme français de recherches internationales en coopération pour le développement durable. Nous accompagnons donc les pays du sud et particulièrement au côté des organismes de recherches nationales  et en partenariat avec eux dans les dynamiques et les programmes définis dans chaque pays.

Dans ce cadre de la DYTAES (Dynamique pour la Transition Agro Ecologique au Sénégal), que l’on soit du nord ou du sud, en 2050 il faudra nourrir, protéger et soigner dix milliards d’habitants. Donc nous sommes tous concernés.

Nous remercions Mariame SOW qui est venue nous solliciter au début de la DYTAES pour accompagner cette dynamique. Et elle était convaincue que la recherche pouvait avoir son rôle dans la création et l’innovation  pour trouver des solutions durables adaptées au contexte en suivant les dix ou quinze principes de l’agro écologique. Nous travaillons et nous accompagnons chaque dynamique.

Je suis moi-même membre du comité de pilotage et disons que les ambitions de la DYTAES raisonnent à l’unisson avec les missions du CIRAD.  

Aujourd’hui quels sont les enjeux de l’agro écologie ?

Les enjeux de l’agro écologie sont énormes et comme je le disais, on va être dix milliards d’êtres humains sur une planète qui a des ressources limitées et pourtant la population va continuer à croitre. Il va donc falloir nourrir cette population tout en protégeant l’environnement.

C’est un défis incroyable pour toutes et tous de cette  planète. Nous sommes convaincus qu’il y a une autre façon de produire ; il faut nourrir les personnes tout en protégeant l’environnement.

D’ailleurs, c’est le principe de l’agro écologie, le principal. C’est aussi un projet de société qui doit être co-construit depuis la base ou du moins depuis les utilisateurs et qui implique tous les acteurs d’un territoire.

C’est les travaux que nous faisons par exemple ici, pendant cette semaine et qui, imagine l’évolution dans le futur ; donc à l’horizon peut-être 2035 : quelle évolution nous voulons pour cette agriculture et pour le développement d’une région en mettant l’agro écologie ; c’est-à-dire la préservation des ressources, nourrir les personnes tout en préservant l’environnement.

Quelle est la part de responsabilité  des chercheurs dans cette dynamique ?

Les chercheurs, ils font quoi ? Déjà, ils mobilisent la science, leurs savoirs. Il y a des choses qui se font dans le monde entier et donc ils sont informés de ça, c’est leur métier.

Ils ont aussi fait des doctorats souvent sur des techniques ou des méthodes pour essayer de faire travailler ensemble tous les acteurs d’un territoire, ce qu’on appelle l’approche territoriale.

Dr Sylvie LEWICKI, directrice régionale du CIRAD pour l’Afrique de l’Ouest

C’est très documenté au niveau scientifique. On vient ensuite essayer d’accompagner les acteurs de le mettre en œuvre dans des collectivités territoriales et en particulier ici à Fatick. Il y a aussi des techniques d’écoute et de rassemblement de ce que les acteurs souhaitent pour leur avenir et d’essayer de les faire dialoguer pour trouver  finalement la meilleure solution pour tout le monde.

Quels sont les indices qui peuvent démontrer la réussite de cette dynamique qui est en cours ?

Les premiers indices, c’est l’enthousiasme des acteurs autours de cette dynamique et puis le fait qu’il y a des choses qui existe déjà dans les communes, des ONG qui sont engagées. Donc il s’agit maintenant de fédérer les dynamiques au niveau local et les synergies et  d’avoir l’appui des politiques publiques et du gouvernement vers cette transition agro écologique ; puisque le Ministre de l’agriculture et du développement durable, lui, il a ses contraintes.

Il doit produire pour nourrir afin de pallier les problèmes d’autosuffisance. Mais, on essaie de lui apporter des solutions pour produire mieux. Et ça, c’est très enthousiasmant

Nous sommes très heureuses d’accompagner cette DYATES et personnellement je travaille à un niveau institutionnel et politique et je fais des plaidoyers pour cette dynamique au Sénégal qui est connue au niveau de la CEDEAO et au niveau international. Il y a eu une exposition photo qui a accompagné même la dernière COP à l’international. Je pense donc que c’est très enthousiasmant de participer à une telle dynamique qu’on essaie de promouvoir.

Entretien réalisé par Giraud Togbé

Transcription Ricardo Domingo

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