Dans les pays en voie de développement, la question de l’énergie est encore une équation qui semble à plusieurs inconnues et dont la résolution peine véritablement à prendre corps. Cette difficulté de la maîtrise de l’énergie, reste non seulement une peine pour les ménages, mais aussi et surtout une grosse épine pour l’essor économique des nations.
Cependant, de plus en plus, beaucoup d’efforts de scientifiques africains sont consentis pour hisser les pays du tiers monde au rang des nations capables d’une opérationnalité remarquable en ce qui concerne la transformation et la maîtrise de l’énergie.
Cet objectif reste réalisable car pouvant compter sur la détermination des acteurs du domaine, malgré la nonchalance des appuis visant à les booster, notamment des dirigeants. Entretien avec le professeur Balla Diop Ngom, professeur titulaire en Physique du Solide-Sciences des Matériaux-Nanosciences, et directeur du Laboratoire de Photonique Quantique Énergie et NanoFabrication de l’Université cheikh Anta Diop de Dakar.
La production de l’énergie au sein de ce laboratoire vise-t-elle à résoudre quel problème ?
Le premier problème que nous visons à résoudre c’est l’accès à l’énergie dans les zones rurales. Car, en Afrique et surtout dans les pays en voie de développement, l’accès à l’énergie est un problème sévère. L’autre aspect est qu’il va falloir que nous mettions en place une technologie verte.
Prof Balla Diop Ngom, professeur titulaire en Physique du Solide-Sciences des Matériaux-Nanoscience
Cette technologie verte nous permettra de garder notre environnement en bonne santé et aussi de nous garder en bonne santé.
Nous ne souhaitons pas détruire notre environnement mais nous n’envisageons pas aussi de travailler dans un environnement avec des produits chimiques dangereux. C’est pourquoi notre procédé que nous avons mis en place est complètement vert. Nous n’utilisons que de l’eau et de la biomasse pour arriver là où nous sommes.
Le dispositif que vous avez ici vous permet-il de produire en grande masse ?
Ce laboratoire est dédié à la biomasse et les équipements que nous avons ici, nous permettent de fabriquer des matériaux avec une grande quantité.
Aujourd’hui le challenge est de quitter le laboratoire et d’aller ouvrir l’industrialisation, ce qu’on appelle transfert technologique et nous y sommes. Espérons qu’on va y arriver très prochainement.
On a eu la visite de Christallina Georges CHEVIA, qui nous a promis un accompagnement et on espère vivement qu’on va y arriver avec d’autres partenaires.
Où trouvez- vous les matières premières que vous utilisez dans votre laboratoire ?
Chez les cultivateurs ! Quand je vais au village, j’amène et on fait des tests. Nous vivons aussi dans un pays cultivateur et donc l’accès à ces biomasses ne cause pas de problème. Je veux appeler nos Etats à investir dans la recherche. La science, c’est l’avenir.
La science règle bien évidemment les problèmes de ce monde et donc nous devons prioriser la recherche scientifique en investissant et en accompagnant les projets et les résultats, afin de trouver des solutions aux problèmes.
Vous disiez que l’objectif poursuivi à travers la recherche sur la biomasse, c’est l’accès à l’énergie. Alors dans combien d’années vous pensez que nous pourrons arriver à cette indépendance énergétique ?
Tout dépendra de l’investissement que les gens vont mettre et aussi des décisions de nos politiques ; parce que l’indépendance énergétique d’abord passe par une transition énergétique pour aller vers les énergies renouvelables.
Les énergies renouvelables ont une limite liée à leur intermittence et donc la solution est de booster les systèmes de stockage VH, comme les bactéries et le dispositif que nous venons de mettre en place en fait partie. Alors nous pensons que d’ici 4 ans au maximum, nous pourrons avoir un produit final sur le marché.
Ce qui nous permettra d’avoir un dispositif avec une autre performance, donc l’accès à l’énergie deviendra vraiment vrai.
Quelle est la genèse de ce laboratoire ?
Le laboratoire est né depuis 2014 avec les premiers étudiants que j’ai encadrés et ceci forme le groupe de ce laboratoire. Ce que nous avons fait d’abord, c’est d’aller chercher les compétences humaines qu’il nous fallait et ensuite nous avons développé les projets nécessaires ou en être là aujourd’hui.
Quels sont les axes de recherches sur lesquels vous travaillez dans ce laboratoire ?
En dehors des dispositifs pour le stockage de l’énergie, nous travaillons principalement dans ce laboratoire sur le dispositif photonique. Ceci nous permet de travailler sur les matériaux photoniques, tels que le VO2 qui est un matériau thermo chromique. Ce type de matériau a la particularité de pouvoir changer de couleur, bloquer ou laisser la lumière infra-rouge qui est une partie de la lumière qui emmagasine la chaleur du soleil. C’est donc un peu ce sur quoi nous travaillons dans ce laboratoire.
Au sein de ce laboratoire, quelles sont les différentes difficultés auxquelles vous êtes confronté ?
Les difficultés sont d’abord d’ordre financier, puisque la recherche demande beaucoup d’argent et donc nous comptons sur l’aide extérieure. A ce niveau, il y a une compétition qui est très rude et donc vous devez avoir une équipe qui doit être très dynamique et avoir aussi des idées innovantes pour vraiment sortir. Voilà en bref les difficultés qu’on peut rencontrer. Sinon du côté de la science, nous n’avons pas de difficulté particulière.
Propos recueillis par Giraud Togbé
Transcription Ricardo Domingo