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Santé : financement de l’activité pharmaceutique, un défis pour les pharmaciens de la Côte d’Ivoire

La part de l’Afrique représentait en 2021 à peine 0,7 % soit 9 milliards de dollars sur 1280,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires total de l’industrie pharmaceutique mondiale.

Du 5 au 7 octobre, s’est tenue la 10ème édition des journées de l’Ordre Nationale des Pharmaciens de Côte d’Ivoire. Il s’agit de trois de journées de partages et de réflexions sur les défis à relever dans le financement du secteur afin que la Côte d’ivoire puisse se doter d’une expertise solide pour une profession pharmaceutique forte. 

Près de 1000 pharmaciens se sont donnés rendez-vous au Palais de la Culture de Treichville à Abidjan pour les 10 ans des journées des professionnels et auxiliaires de pharmacies de Côte d’Ivoire. Le thème retenu pour ces rencontres est : le financement de l’activité pharmaceutique : états des lieux »

Plusieurs personnalités et partenaires techniques du monde de la pharmacie étaient présents, jeudi dernier, à la salle François Lougah pour prendre part à cette première journée de l’Ordre National de la pharmacie. Une journée ponctuée de plusieurs interventions et échanges débats, et sessions plénières autour de plusieurs sujets dont le thème sur le financement de l’activité pharmaceutique. 

La part de l’Afrique représentait en 2021 à peine 0,7 % soit 9 milliards de dollars sur 1280,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires total de l’industrie pharmaceutique mondiale. Sur les 10 pays d’Afrique, deux occupent à eux seuls 70% de part de marché, alors que l’Afrique abritait déjà en 2020, 17,2% de la population mondiale mais, n’assure en réalité que 30% de la production mondiale.

Elle compte 375 fabricants de médicaments pour 37 pays, alors que la Chine à elle seule compte 5000 fabricants. Il faut souligner ici que 25 % des pathologies sont d’origines africaines. 

Le développement du secteur pharmaceutique est indispensable en Afrique pour répondre aux besoins de la santé des populations et surtout contribuer à l’accès des médicaments. Depuis 2009, la Côte d’Ivoire dispose d’une politique pharmaceutique Nationale, (PPN) de laquelle découle un plan directeur pour sa mise en œuvre. Elle a également au sein de ses décisions une Autorité de Régulation Pharmaceutique (AIRP).

Malgré cela, les infrastructures en industries de pharmacies locales (IPL) dans le pays sont aux nombres de 11 et ne couvrent à peine que 6% de la population. De plus, la grande distribution provient des importations. En effet, le marché pharmaceutique ivoirien en 2013 (la dernière étude faite) était évalué à environ 400 millions Usd, au stade de la consommation, soit environ 20 Usd par  habitant/An, ce qui ne satisfaisait que 30% des besoins de la population. 

Cette situation défavorable a amené les professionnels à penser à un développement du secteur industriel qui passe évidemment par le financement.

« Le paysage de la santé évolue rapidement, et il est crucial que nous anticipions les défis financiers auxquels nous pourrions être confrontés. Le financement de l’activité pharmaceutique devient de ce fait un enjeu stratégique et majeur, et aussi une occasion de nous réinventer et de montrer notre valeur ajoutée dans le système de santé » a martelé le Président du Comité d’Organisation de ces journées, Ivan Bekan-N’thy Kouakou.

Ivan Bekan-N’thy Kouakou

Il a également tenu à relever la particularité de cet événement qui selon lui est une édition spéciale et festive par l’introduction cette année des JONPCI After day, et des CADUCÉES d’OR, une récompense pour magnifier les actions des pharmaciens au profit de la santé publique.

Pour la Présidente du Comité scientifique, Mme Vanga Henriette le défi du financement de l’activité pharmaceutique est complexe car, il faudra l’axer sur les solutions qui s’articulent sur le mécanisme de contrôle des coûts et de transparence pour garantir le développement d’une industrie pharmaceutique forte. 

 3000 pharmaciens inscrits à l’ONP-CI

Le secteur pharmaceutique joue un rôle clé dans l’économie de la Côte d’Ivoire en créant des emplois, en contribuant à la croissance économique. 

C’est un secteur ouvert et digeste qui attire des étrangers et favorise le développement des infrastructures. Le financement de cette filière est donc nécessaire pour soutenir la recherche, le développement de la production, la distribution et la dispensation des médicaments.

La dépendance vis-à-vis des financements extérieurs provenant d’organisations internationales, le manque d’accessibilité aux médicaments rendent incomplète la couverture en besoins. 

L’Ordre National des pharmaciens (ONP-CI) enregistre aujourd’hui plus de 3000 pharmaciens. En février dernier, elle a mis sur pied un Fonds de financement en pharmacie (FINPHARMA) une institution de financement des activités pharmaceutiques avec pour actionnaires majeurs les pharmaciens. Fin Pharma SA a pour objectif initial de mobiliser 3 milliards de FCFA pour la constitution de fonds de garantie et de cautionnement.

Les souscriptions à ce projet selon le rapport du Dr Demba Tiam membre du Conseil d’Administration de cette société anonyme, table sur 1000 pharmaciens à raison de 3000 000 Fcfa par pharmacien.  Le Dr Arounan Diarra qui est le président de ce grand réseau des pharmaciens a profité dans son intervention pour lancer un appel aux pharmaciens et auxiliaires de la profession.

« Nous avons décidé de mettre en place FIN PHARMA, un fonds de garantie pour assurer le financement de projets pharmaceutiques, soumis par les confrères et consœurs. Nous espérons ainsi participer aux investissements des activités pharmaceutiques, faciliter l’accès aux projets initiés par les pharmaciens, mais aussi participer à la formation des acteurs du secteur. Une adhésion massive à cette initiative s’avère impérative afin d’offrir à la Côte d’Ivoire une industrie pharmaceutique de pointe. »

Dr Demba Tiam

Les participants rencontrés au sortir de ces premiers échanges ont tous été unanimes sur l ‘importance de la création des industries pharmaceutiques pour l’accès équitable des populations aux médicaments de bonne qualité. « Je trouve que les échanges étaient passionnants, et le projet sur le financement de l’activité pharmaceutique est intéressant. J’avais des préoccupations qui restaient en suspens et les échanges de ce matin m’ont rassuré sur ce projet. » nous a signifié le Dr Coulibaly Lahota de la pharmacie du Vallon à Abidjan.

Huit pays dont le Sénégal sont représentés à cette messe du financement de l’industrie du médicament où plusieurs autres thèmes seront également débattus au cours de ces journées.

Les plénières et sessions parallèles statuerons autour des échanges et débats sur l’état des lieux de la vaccination en officine, l’antibiothérapie en ambulatoire, la prise en charge des maladies prioritaires en Côte d’Ivoire, et la fiscalité du secteur pharmaceutique.

Un appel de fond sera suscité pour le volet social de cet évènement qui marque l’intégration du pharmacien dans la société. La soirée de gala clôturera l’édition, après un bilan du comité scientifique. 

Edithe Valerie Nguekam

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