ENTRETIEN

Mhamed AFKIR chercheur marocain : « la ressource hydrique n’est plus de nos jours abondante »

Nous avons rencontré des chercheurs, des acteurs de la société dans le cadre du Forum Mondial de l’Eau 2022. Tenu à Dakar du 21 au 25 mars 2022, c’était une excellente occasion d’aborder les différentes problématiques liées à l’accès à l’eau dans le monde.

Ce forum a porté sur la sécurité de l’eau pour la paix et le développement.
Dans ce deuxième entretien, nous avons reçu Mhamed AFKIR, chercheur et Maire de la commune de Nihit au Maroc. Entretien avec Giraud Togbé.


Quel rapprochement peut-on faire entre le changement climatique et l’accès à l’eau ?


Effectivement les changements climatiques sont devenus une réalité, ce n’est plus une question de discours ou d’une sphère de chercheurs et des centres de recherches. Mais cela est devenu une réalité visible par les communautés du Sud et qui vivent dans les milieux arides.

Les ressources hydriques sont soumises de plus en plus à une pression anthropique qui est aggravée par le dérèglement climatique lié au changement des précipitations. Qui ne sont plus les mêmes en quantité et au rythme annuel de précipitation.
C’est ce qui a affecté la capacité de mobiliser les ressources en eau destinées aux communautés, tant pour les besoins domestiques, que pour l’agriculture. Je veux nommer l’agriculture vivrière qui concerne les populations vulnérables (qui vivent dans les vallées, les campagnes) et qui résistent encore à ce phénomène de changement climatique qui menace leur vie.


Vous savez que c’est une menace. Alors que font les chercheurs pour corriger les choses afin d’éviter le pire ?


La question principale est de s’adapter au changement climatique en tant que communauté et individu. Bien que les chercheurs travaillent pour avancer des pratiques et des procédés de gestion et de traitement de l’eau pour mieux garantir la durabilité de leurs ressources. Mais la chose la plus importante, c’est le changement des pratiques des individus et des communautés, vis-à-vis de leurs ressources hydriques.

Vous savez, la ressource hydrique n’est plus de nos jours, abondante.

Mhamed AFKIR, chercheur et Maire de la commune de Nihit au Maroc


Elle est rare. On doit donc s’adapter à gérer la rareté et avoir conscience que l’eau est devenue une source rare.Il faut également qu’on ait une agriculture moins consommatrice de l’eau et penser à des pratiques et gestes quotidiens qui ne consomment pas trop de l’eau. Pour y parvenir, il faille agir sur le comportement des individus et des communautés pour faire face à ce phénomène de changement climatique qui est devenu une réalité auquel il faut faire face.

Peut-on faire des sensibilisations ?


Effectivement ! Je fais allusion aux rôles des médias, des ONG, des associations locales, des communes, des élus, des collectivités. C’est leur rôle primordial de sensibiliser les communautés et de les mobiliser pour qu’il y ait une dimension de changement climatique.

Mr AFKIR (EN TENUE CENDRE) LORS DU FORUM MONDIAL DE L’EAU

Qu’est-ce qui motivent ces gaspillages des ressources hydriques ?

On a changé le rapport à l’eau. Autrefois, l’accès à l’eau était une corvée quotidienne et il y avait le partage communautaire de l’eau. Mais l’accès individuel à l’eau à travers l’installation du système a changé le rapport à l’eau. On a l’impression que c’est une ressource qui est abondante puisqu’on a un accès libre à l’eau et on en fait ce qu’on veut. Donc il faut qu’on sensibilise les populations pour éviter ces gaspillages en eau.


Qu’avez-vous à dire pour finir cet entretien ?

Pour conclure, je dirai que les projets communautaires gérés ou initiés par les organismes internationaux, les ONG, les collectivités territoriales et partenaires gouvernementaux doivent intégrer la dimension changement climatique dans leur paramètre de suivi et d’évaluation. C’est-à-dire utiliser des procédés qui consomment moins l’énergie et qui sont propres à l’environnement pour éviter les effets nuisibles sur les écosystèmes.


Propos recueillis par Giraud Togbé
Retranscription Ricardo Domingo

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