ENVIRONNEMENT

Mamadou LY , apiculteur : « l’utilisation des engrais chimiques pour l’agriculture dans la zone fait fuir les abeilles »

Cela fait bientôt 25 ans que Mamadou LY est dans ce métier : l’apiculture. Il est apiculteur, formateur et consultant international dans le domaine. Avec lui, nous avons visité quelques ruchers implantés au village des tortues au Sénégal. L’objectif était de voir de comment se fait la production du miel et aussi analyser les défis auxquels ce secteur est confronté au Sénégal. Il est pourvoyeur d’emplois selon les spécialistes si les raisonnables à divers niveaux y mettent leur sien.

Selon la FAO, l’apiculture est largement pratiquée au Sénégal. 70 % de la production nationale de miel est réalisée en Casamance, une région située au sud du pays et au climat tropical de savane. Ces dernières années, les changements climatiques ont commencé à impacter négativement les rendements en miel. Comment cela se ressent-il ? Nous avons réalisé cet entretien avec Mamadou Ly pour en savoir davantage. Entretien avec Giraud Togbé.

Pourquoi avoir choisi l’apiculture ?


Comme vous le savez, on est confronté à plusieurs défis. On a les problèmes de dérèglement climatique, d’environnement et beaucoup d’autres problèmes qui empoisonnent notre vie quotidienne. Et nous on n’est pas que dans l’apiculture mais nous intervenons aussi dans la protection de cette espèce d’abeille qui est vraiment menacée dans notre pays.

A votre avis, comment se porte la filière apicole au Sénégal ?


La filière apicole ici au Sénégal ne va pas bien.

MAMADOU LY, APICULTEUR

Ca fait bientôt depuis 1998 qu’on a mis en place l’Union nationale des apiculteurs du Sénégal et l’Etat a également mis en place le PADA (c’est un programme d’appui aux apiculteurs). Tout ceci manque de volonté et de compétence.

C’est une filière qui n’a pas été bien encadrée. Il faut noter que 90% des apiculteurs ne sont pas formés et c’est d’ailleurs pourquoi le miel qui est vendu au Sénégal tire sa source des pays limitrophes comme la Guinée.


Quels sont les défis auxquels la filière apiculture est confrontée ?


Les défis auxquels cette filière est confrontée c’est l’absence des endroits sécurisés où nous allons exercer l’apiculture. Il faut qu’il y ait des endroits ou des forêts bien classées et bien entretenues pour qu’on puisse bien exercer cette activité. Il n’y a pas d’accompagnement des apiculteurs.

Ça fait déjà un an que nous avons reçu un financement de l’ambassade du Japon (400 millions). Il faut donc qu’il y ait une autre réorganisation au niveau de l’union nationale et du ministère pour accompagner les apiculteurs pour leur permettre de vivre de leur métier.


Au niveau de la conduite des ruchés des abeilles, quels sont ces défis auxquels vous êtes confronté ?


Nous sommes bien évidemment confrontés à des difficultés. Il y a l’utilisation des engrais et des pesticides par des cotonculteurs de notre zone, qui fait fuir les abeilles et donc le travail devient de plus en plus compliqué pour nous. Nous invitons donc les acteurs à la conscience pour qu’ils changent leur méthode pour corriger le tir.

MAMADOU LY , APICULTEUR

Moi je dis tout temps que l’Etat sache que nous les apiculteurs sont là et que cette filière doit être dirigée par les apiculteurs eux-mêmes. Il y a des jeunes étudiants et entrepreneurs qui sont là et vivent de ce métier. Ces derniers veulent un accompagnement et donc vivement que l’Etat revoit sa politique d’accompagnement dans cette filière.


Propos recueillis par Giraud Togbé
Transcription Ricardo Domingo

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Vous aimerez aussi

Voir plus