ENTRETIEN

Blâmi DIALLO, géographe : « la gestion des ressources en eau dans ces bassins nécessite une approche holistique »

 Dans un entretien exclusif accorde a All For Sciences Media, Monsieur Blâmi DIALLO, géographe et Chef de service du suivi des organismes de bassins à la DGRE au Burkina Faso, partage son expertise sur les enjeux complexes liés à la gestion des bassins transfrontaliers en Afrique.

De la définition des bassins transfrontaliers aux défis rencontrés en matière de sécurité et de climat, en passant par les stratégies locales et l’importance de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE), cet entretien offre un aperçu détaillé des défis et des opportunités pour une gestion durable des ressources en eau partagées.

De plus, Monsieur DIALLO revient sur la récente session parlementaire des jeunes consacrée à ce sujet et analyse les implications de ses conclusions pour l’avenir de la coopération régionale en Afrique

Faites-vous connaître plus amplement à nos lecteurs

Je suis Monsieur Blâmi DIALLO, géographe, communicateur pour le Développement, Chef de service du suivi des organismes de bassins en service à la Direction Générale des Ressources en Eau (DGRE), Burkina Faso. Je vous remercie pour l’invitation et vous félicite pour l’initiative

Que peut-on comprendre du groupe de mots “ bassins transfrontaliers” ? A quoi fait-on référence ? 

 Les bassins transfrontaliers sont des espaces géographiques de bassins versants hydrographiques qui s’étendent entre au moins deux pays voisins. On fait ainsi référence à des bassins de cours d’eau partagés.  

Dans le cadre des bassins transfrontaliers, il est important de souligner que ces zones géographiques ne se limitent pas seulement à des aspects hydrographiques, mais englobent également des aspects socio-économiques et politiques.

Par exemple, ces bassins peuvent avoir un impact significatif sur les moyens de subsistance des populations riveraines, influencer les dynamiques migratoires et même jouer un rôle dans les relations internationales entre les pays concernés. En outre, la gestion des ressources en eau dans ces bassins nécessite une approche holistique prenant en compte les besoins de tous les acteurs impliqués, y compris les communautés locales, les gouvernements nationaux et les organisations internationales. 

Quels sont les enjeux, défis rencontrés par les bassins transfrontaliers en Afrique en contexte d’insécurité et des crises climatiques ? 

 En situation actuelle d’insécurité et les crises climatiques, les enjeux et les défis de ces bassins transfrontaliers sont nombreux avec des défis importants pour la durabilité de ces bassins. Nous avons les enjeux politiques, économiques, environnementaux et les risques de conflits. 

Quant aux défis, on peut évoquer la question de la gestion concertée, la valorisation des bassins, la prévention et la gestion des conflits et des catastrophes. Les crises climatiques et les conflits régionaux exposent les bassins transfrontaliers en Afrique a de risques et de vulnérabilités catastrophiques.

Par exemple, les sécheresses prolongées peuvent entraîner une diminution des ressources en eau disponibles, ce qui peut aggraver les tensions entre les pays riverains. De même, les conflits armés dans une région donnée peuvent perturber les flux d’eaux transfrontaliers et compromettre la coopération régionale pour la gestion des ressources en eau.

En outre, il est important d’examiner les initiatives régionales et internationales visant à renforcer la résilience des bassins transfrontaliers face à ces défis, telles que la mise en œuvre d’accords de partage des eaux et le développement de stratégies d’adaptation aux changements climatiques.

Au Burkina Faso, quelles sont les stratégies, les approches et les technologies utilisées à l’échelle locale pour apporter des solutions aux défis auxquels sont confrontés les bassins transfrontaliers ?

En termes d’approche et de stratégie il y a l’approche bassin avec la mise en place des agences de l’eau au sein desquelles on a des instances comme les comités de bassins et les comités locaux de l’eau (CLE) qui sont en charge de la gestion concertée des sous-bassins. Il y a également les instruments de gestion prospective tels que les schémas directeurs et de gestion de l’eau (SDAGE), les schémas de gestion des eaux (SAGE) et les Plans de gestion des Eaux (PGE). 

Il est institué un mécanisme de financement de financement endogène à travers la contribution Financière en matière d’Eau (CFE) perçue par les agences de l’Eau. Comme cadres de concertation bilatérale, on a la mise en place des Comités techniques Conjoints sur la Gire et les Comités transfrontaliers sur la Gire.

C’est le cas avec le Mali, le Ghana et la Côte d’ivoire (convention zones humides) ; il est prévu la mise en place de ces cadres avec les autres pays voisins notamment le Bénin, le Togo et le Niger. On a également l’adhésion aux autorités de bassins tels que l’ABN et l’ABV. 

De façon technique, il y a l’installation des stations hydrométriques et piézométriques automatiques dans les bassins partagés avec échanges d’informations. Il y a aussi, les dispositifs de SAP pour prévenir les inondations. 

Quelle est la contribution de la GIRE dans la gestion des bassins transfrontaliers ?

 La Gire est adoptée comme approche de gestion des bassins partagés. Les quatre principaux principes en sont les moteurs. La Gire assure la durabilité des écosystèmes aquatiques.

Il serait utile d’examiner les principaux principes de la GIRE et d’illustrer comment ils sont appliqués dans la gestion des bassins transfrontaliers en Afrique. Par exemple, on peut mettre en évidence l’importance de la participation des parties prenantes et de la prise de décision décentralisée dans la gestion des ressources en eau partagées.

En outre, il est pertinent d’explorer les défis et les opportunités associés à la mise en œuvre de l’approche GIRE dans un contexte transfrontalier, tels que la coordination entre les différents niveaux de gouvernance et la résolution des conflits d’intérêts entre les différents acteurs impliqués.

Quel regard portez-vous sur la session parlementaire des jeunes portant sur la gestion des bassins transfrontaliers tenue cette semaine ? Les conclusions de cette rencontre ont-ils comblé vos attentes ? 

L’initiative d’organiser cette session parlementaire des jeunes sur la gestion des bassins transfrontaliers tenue du 24 au 26 Avril 2024 à Ouagadougou est à saluer et démontre l’engagement d’une jeunesse africaine soucieuse de la durabilité des ressources en eau partagées et la gestion pacifique de ces ressources. Il est indéniable que les conclusions ont été surprenantes par leur grande pertinence et je retiens surtout les engagements pris par cette jeunesse au-delà des plaidoyers adressés aux autorités des différents pays. 

Il serait intéressant d’examiner les recommandations spécifiques formulées lors de la session parlementaire des jeunes sur la gestion des bassins transfrontaliers et d’évaluer leur faisabilité et leur pertinence dans le contexte africain.

En outre, il convient d’examiner les mesures concrètes qui pourraient être prises par les gouvernements nationaux et les organisations internationales pour soutenir la mise en œuvre de ces recommandations.

Enfin, il est important d’analyser le rôle potentiel de la jeunesse africaine dans la promotion de la coopération régionale pour la gestion durable des ressources en eau.

Propos recueillis par Zara Yasmine Hassan (Stag)

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