LE MAG SCIENCE ET FEMME

Angela Merkel, et pourtant, rien ne l’annonçait

Du CDU Club der Unbekannten, “Club des filles non embrassées” en français, de son lycée, à la présidence de la CDU Union Chrétienne démocratique, la Dame du losange est aujourd’hui sans nul doute l’une des femmes politiques les plus influentes du monde, inscrites en lettre d’or dans les annales de l’histoire de l’humanité.

Toute jeune à l’époque, l’ancienne chancelière allemande a connu une enfance et par suite une adolescence plutôt simple et heureuse dans son cocon d’Allemagne de l’Est, alors qu’il était chaudement question du règne socialiste, avec l’historique mur de Berlin qui séparait les deux parties du pays, l’Est et l’Ouest.

Son intelligence au-dessus de la moyenne, sa capacité à apprivoiser les sciences dites dures pour les autres, mais ludiques pour elle, trahissait sans effort d’hercule le caractère inaperçu que tentait désespérément d’entretenir sa timidité.

En 1969, Angela Kasner décidera d’étudier la physique-chimie, matière qui faisait partie des disciplines que le régime socialiste d’alors n’arrivait pas à utiliser pour asseoir sa propagande. La fille de pasteur et d’institutrice se mariera à un homme dont elle divorcera, mais gardera le patronyme.

Si l’effondrement du mur de Berlin a eu le mérite de susciter une émotion unique au sein des peuples d’Allemagne de l’Ouest et d’Allemagne de Est d’alors, il aura été un véritable catalyseur de l’orientation politique de la jeune femme de la trentaine, qui jusque-là n’était connue qu’en tant que chercheuse.

Angela sur orbite ?

Contre toute attente, Angela Merkel exprime son désir d’engagement et s’oriente, peut-être sans surprise, vers le parti du renouveau démocratique (Demokratischer Aufbruch), un parti protestant.

Alors qu’elle partait de simple spécialiste en utilisation d’ordinateur, son calme, sa précision, sa loyauté et surtout son attachement parfois exagéré au travail acharné et bien fait, ont tôt fait de mettre la jeune dame sur orbite.

02 décembre 1990, première élection de l’Allemagne unifiée. Le Chancelier d’alors, de la CDU, ayant finalement phagocyté le parti du renouveau démocratique, avait besoin d’une députée dans l’Est. Angela Merkel, évidemment désignée comme candidate, va se lancer dans une période de campagne électorale aussi intense que délicate, surtout pour une femme à cette époque. Elle sera quand même  élue !

Le parcours politique de l’animal politique en gestation, autre que le poste de chancelière, a aussi été celui d’une femme ministre. Du portefeuille ministériel des femmes et de la jeunesse à celui de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire, elle s’est faite remarquer par sa forte propension pour la question de l’égalité de genre, bien qu’ayant toujours rejeté l’étiquette de féministe qui lui était collée.

Tel un coup de massue, à travers un article publié en décembre 1999, Angela Merkel a appelé vivement les militants et sympathisants à se débarrasser du Président Khole à la tête de la CDU, suite à une affaire de malversation financière. « Nous n’avons rien vu venir, elle l’a fait seule. ». Cette phrase est la plus partagée par ses proches d’alors, pour exprimer la stupéfaction, même dans son camp.

10 avril 2000, « la gamine », comme il aimait bien l’appeler, venait ainsi de renverser le Président d’honneur Khole, deuxième personnalité plus influente de la CDU après le Chancelier Konrad Adenauer, ainsi que le Président du parti.

La mastodonte politique, non plus timide et cachée, mais plutôt ferme et imposante, peut-être toujours aussi réservée cependant, était désormais prête. Angela Merkel, première Présidente du parti de l’Union chrétienne démocratique.

« Dans la tranquillité, dans la confiance sera votre force »,

Son calme et sa sérénité, qu’elle tire aussi du passage biblique, je cite « Dans la tranquillité, dans la confiance sera votre force », fin de citation, resteront son ultime arme contre les propos vexants et outrageants du Chancelier sortant, lors du débat télévisé des éléphants.

La pilule passe, 22 novembre 2005, Angela Merkel devient la première femme au poste de chancelière en Allemagne. Poste qu’elle ne lâchera qu’après l’avoir occupé quatre fois, pendant 16 ans.

Tout n’aura certainement pas été rose. Entre la crise grecque, la fin du nucléaire dont elle était pourtant une férue défenseuse, ou encore l’ouverture des frontières aux migrants syriens, la Mutti des Allemands a pris plusieurs positions, souvent très bien reçues, mais parfois aussi accompagnées de beaucoup de polémiques.

Une chose est certaine, son sens de l’humanité reste l’un des piliers fondamentaux de sa gouvernance. Elle l’assume pleinement d’ailleurs en martelant, je cite : « Si l’on doit présenter ses excuses quand on montre de l’humanité face à une situation d’urgence, alors ce pays n’est plus mon pays », fin de citation.

Du haut de ses 68 ans, puisque née le 17 juillet 1954, Angela Merkel est indubitablement non seulement une figure politique allemande, mais plus encore, une figure politique incontournable de l’histoire européenne.

Parcours riche, 14 fois élue femme plus influente du monde, la légendaire Chancelière allemande qui a fait de la sobriété et de la réserve des fondamentaux de son image de marque, a vu passer 4 Présidents français et américain et aura été un maillon incontournable de la dynamique européenne.

En février 2023, le Prix Félix Houphouët-Boigny-Unesco 2022 lui a été décerné en terre ivoirienne.

Pancras ZOUNTCHEGBE

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Vous aimerez aussi

Voir plus