Le secteur agricole est un des piliers de l’économie de la Côte d’Ivoire. Il occupe plus de la moitié de la population active du pays. Il y a 10 ans, la production maraîchère nationale représentait environ 700 000 tonnes avec 161 000 hectares de cultures pluviales et irriguées. Aujourd’hui, cette production maraîchère serait à peine plus élevée, insuffisante pour répondre à la demande d’une population en forte augmentation et urbanisée.
C’est pourquoi le pays continue d’importer régulièrement des légumes. La transformation du sol aux fins d’aboutir à sa meilleure qualité pour un meilleur rendement en cultures maraîchères est aujourd’hui le champ de bataille des petits agriculteurs, la sécurité et la souveraineté alimentaire passant aussi par la qualité de la production agricole, or, qui bonne récolte, dit bonne qualité du sol.
En Côte d’Ivoire, certains agriculteurs et professionnels travaillant dans le secteur agricole se sont donné pour mission d’éduquer les agripreneurs dans la pratique et l’utilisation permanente de l’engrais organique. C’est le cas de Jean Philippe Agoussi, ingénieur agronome et chercheur en agriculture.
Jean Philippe Agoussi est un ingénieur agronome, chercheur, innovateur et formateur qui a fait de son champ de bataille l’investissement dans l’agriculture écologique.
« L’agriculture d’aujourd’hui doit se tourner vers les cultures maraîchères et les cultures vivrières avec une bonne utilisation des engrais non chimiques » clame-t-il.
Jean Philippe Agoussi, agronome, chercheur, innovateur
Après l’obtention du BTS en Agriculture tropicale option Production végétale et d’un diplôme en ingénierie option Négoce des Matières Premières Agricoles, il a travaillé dans plusieurs secteurs d’activités dans le domaine de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Il a pris soin de noter les difficultés rencontrées, notamment dans la production maraîchère et plus précisément avec les intrants chimiques.
Cela l’a conduit à devenir formulateur d’intrants phytosanitaires naturels agricoles, dans le but de permettre aux agriculteurs d’obtenir un meilleur rendement, tout en assurant aux consommateurs une alimentation saine. Ses efforts sont orientés vers la préservation de l’environnement, ce qui lui a valu d’être lauréat des prix « Les opportunités sont ici » ; du prix Pierre Castel en 2019 ; du prix « Jeune entrepreneur émergent » ; duprix Alassane Ouattara 2020, et aussi de plusieurs autres récompenses comme le Prix « Initiative jeune de l’économie sociale et solidaire en 2021 »
L’ingénieur agronome qui est constamment dans les champs pour sensibiliser et éduquer les petits agriculteurs, prône les bonnes pratiques en matière de production et surtout encourage les paysans à s’investir davantage dans la production des intrants naturels, gage aussi de protection de l’environnement.
« Nous avons constaté que les agriculteurs aujourd’hui utilisent les engrais chimiques pour produire les cultures maraîchères. Les intrants chimiques sont responsables des maladies, et pour cela, la mort se trouve dans nos assiettes. Il faut aider les agriculteurs à produire bio, à produire sain.
Jean Philippe AGOUSSI
La production bio n’est pas seulement pour le consommateur, mais aussi pour l’agriculteur, et la protection de l’environnement. Si on veut parler de sécurité alimentaire, elle doit d’abord commencer par une production saine. » précise-t-il
L’auteur du guide agricole Elodjan, un livre pluridimensionnel basé sur les bonnes pratiques de l’agroécologie et sur la connaissance de stratégies entrepreneuriales, milite pour une culture maraîchère bio, une culture semée avec de l’engrais organique pour améliorer la qualité des aliments fournis et distribués à la population dans la sous-région.
- Sa recherche s’étend sur toute la région occidentale de l’Afrique, et il sensibilise sur l’agroécologie. C’est un ensemble de théories et de pratiques nourries et inspirées par les connaissances de l’écologie de la science agronomique et du monde agricole.
« Dans ce livre, nous apprenons comment faire le recyclage des déchets de la canne à sucre et du tronc du bananier pour la fabrication des intrants phytosanitaires biologiques agricoles, du compost et des emballages biodégradables » confie-t-il
Selon Jean Philippe le monde agricole doit s’organiser pour maintenir la production de denrées alimentaires dans un marché des engrais déstabilisé par le conflit ukrainien. F
ervent militant de l’engrais vert, il rappelle que les difficultés rencontrées par les agriculteurs sont aussi l’opportunité de revoir les pratiques agricoles en place et de promouvoir une fertilisation durable, notamment par le biais des engrais organiques.
Ce doctorant en agronomie passionné de la terre est également le fondateur du salon agricole dénommé « le week-end de l’agroécologie« . Jean Philippe Agoussi est aujourd’hui le gérant de l’entreprise IAFC SARL et de la marque Elodjan.
Edithe Valérie Nguekam
