ENVIRONNEMENT LE MAG

Glasgow 26 : pour quels résultats ?

Même pas encore commencé et on peut déjà imaginer la suite. Pendant qu’Emmanuel Macron, le Président français annonçait, à fière allure le succès du G20, « ce machin » des Chefs d’États, les plus rassasiés du monde,  tenu en Italie, juste avant l’ouverture des travaux de la COP26 et consacré en grande partie au réchauffement climatique, le Secrétaire Général des Nations-Unies faisait la moue. Antonio Guterres avait une tout autre lecture par rapport aux résultats de ce sommet. Je quitte l’Italie avec des « espoirs déçus » sonnait le Patron de l’ONU. Glasglow 26, risque de ressembler à Copenhague 2009, la COP15 dont l’échec a transpercé le monde climatique.

Le cocorico du Président français est à classer, sans nul doute, dans la catégorie des atermoiements, qui ont conduit  la planète climatique, à voyager de COP en COP depuis une vingtaine d’années avec de minces résultats alors que la température ne cesse de grimper au fur et à mesure. Et pourtant, la planète est dans une urgence climatique, confirmée quelques mois auparavant par le rapport du GIEC, le Groupe Intergouvernemental des Experts sur l’Évolution du Climat. La COP26, dans ce contexte apparaît donc comme celle de la dernière chance à cause de ses enjeux.

Cette messe climatique, qui aurait pu avoir lieu l’année dernière et repoussée pour cause de crise sanitaire était, au préalable, retenue pour permettre au Groupe de Travail Spécial de l’accord de Paris sur le climat de présenter les outils et les mécanismes de mise en œuvre de cet accord. La première difficulté risque de partir de là. Tous les pays surtout les frondeurs risquent de ne pas trouver leur compte et n’auront d’autre possibilité que de bloquer la machine.

C’est à peu près ce qui s’était produit en 2009 à la 15 à Copenhage. Et pour s’extirper de cet échec les pays développés ont déposé sur la table la promesse de 100 milliards par an pour aider les pays pauvres à faire face aux effets de la vulnérabilité climatique et des changements climatiques. Plus de 10 ans après, les premiers 100 milliards ne sont pas totalement bouclés. Ils avancent 2023 pour respecter cet engagement. Les pays pauvres risquent de ne pas trop aimés ce comportement, surtout venant de la part des pays, qui plusieurs siècles durant ont siphonné toute la richesse de la terre.

D’ailleurs, 100 milliards pour qui ? Et comment le partager ? Qui en seront les premiers bénéficiaires ? Le continent africain compte à lui seul 52 pays qui souffrent aujourd’hui des effets auxquels il faut ajouter les îles, qui eux, n’ont plus d’avenir face au réchauffement climatique. Et comme écrivait un collègue avant l’ouverture des travaux de la COP26, je cite : « le plus cynique, c’est qu’avant de partir de chez eux pour la vadrouille, ils savent exactement comment ça va se passer », fin de citation.

Renverser la table maintenant

Ce qui est certain, la pression, cette fois-ci va être au summum. Les jeunes, qui en 2009 avaient 10 ans sont aujourd’hui majeurs et qui observent le monde s’effondrer autour d’eux, ne voudront pas de l’ardoise climatique que leur laissent leurs aînés. Boris Johnson, le Premier Ministre anglais a bien résumé la situation. « Un échec de la COP26 déclencherait une colère incontrôlable ». Cette alerte n’a pourtant pas mis fin à l’hypocrisie. Chaque dirigeant  veut conduire son pays vers la neutralité carbone, mais bien plus tard, c’est-à-dire en 2050, 2060, 2070.

Prenons le plus vieux des dirigeants Jo Biden, ça relèverait du miracle s’il continue de vivre à l’une ou l’autre échéance et les autres. S’ils vivent encore, ils ne tiendraient debout qu’à l’aide d’une canne. Donc leur souci ce n’est pas le réchauffement climatique. Ils sont tout simplement dans le déni. C’est ce qui transparait dans les deux propositions sorties pour l’instant de la COP26, à savoir, « Stop la déforestation » et la réduction d’ici à 2030 de 30% des gaz à effet de serre.

Comment comptent-ils mettre en œuvre ces deux décisions si Chinois et Russe brillent par leur absence à la COP26. Or, sans un tir groupé, ces promesses-là ne pourront pas être atteintes. En plus, point n’est besoin de décréter la lutte contre la déforestation. Il appartient à chaque dirigeant de faire l’inventaire de ses ressources forestières et de prendre une décision.

Dans l’accord de Paris sur le climat, il était bel et bien prévu la réduction de l’exploitation des énergies fossiles. Six ans sont passés et cette décision est toujours au point-mort. Il ne reste aujourd’hui qu’une seule alternative, les jeunes, à qui on vole l’avenir de renverser la table. Malheureusement, le ciel est le même pour tout le monde, l’atmosphère unique. C’est en tout cas ce que Dieu a fait de mauvais. Et l’égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, Greta Thunberg l’a dit « l’histoire les jugera ».

Didier Hubert MADAFIME / Journaliste, expert en gestion des risques et catastrophes  

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