Un rapport pointe du doigt les « tensions » qui pèsent sur l’expertise de l’établissement public, alors que la publication de certains de ses avis ces dernières années ont suscité de vives polémiques.
C’est un coup porté à « la crédibilité scientifique » de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement et du travail (Anses). Le conseil scientifique de l’établissement public, composée en grande partie de scientifiques indépendants, alerte sur « la crédibilité des expertises de l’Agence », révèle Le Monde (article abonnés).
Un travail engagé alors que la publication de certains avis (glyphosate, néonicotinoïdes…) ces dernières années a suscité de vives polémiques, l’Anses étant en désaccord parfois vif avec des institutions ou des membres de la communauté scientifique.
Le conseil conclut, dans un rapport (en PDF) publié discrètement vendredi 10 mars, que l’expertise scientifique de l’agence est soumise à « trois grandes tensions ».
La première est « un décalage entre connaissances scientifiques et résultats de l’expertise », facteur de « controverses », en raison de « la nécessité de prendre en compte les connaissances scientifiques les plus avancées tout en s’appuyant sur des règles claires et partagées par l’ensemble des acteurs concernés ».
Mélange des genres
La deuxième tension est lié au décalage entre « l’urgence de rendre certains avis » et le « temps nécessaire pour réaliser une expertise scientifique de qualité », ce qui conduit à produire des « résultats (…) fragilisés ».
Enfin, le rapport pointe le fait que, depuis 2015, l’Anses est chargée d’évaluer les risques liés à certains produits (pesticides, médicaments vétérinaires…) mais aussi leur autorisation, ou non, de mise sur le marché, ce qui induit un mélange des genres dommageable selon le conseil.
Le rapport fait de nombreuses propositions pour « limiter les risques de mise en cause de l’expertise » de l’agence. Parmi celles-ci, on trouve le fait de « favoriser la diversité scientifique » au sein de l’Anses,
d’« affiner le traitement des liens d’intérêt », de « renforcer l’application des règles de l’expertise collective », et d’indiquer systématiquement dans les publications « le niveau d’incertitude, les controverses scientifiques » et l’écart entre l’évaluation menée et les connaissances produites en dehors des limites nécessaires à leur prise en compte dans l’expertise.
Source : francetvinfo