Du 18 au 24 novembre, l’OMS célèbre la 5ème édition de la semaine mondiale de lutte contre les résistances antimicrobiennes, RAM. À cet effet, la cérémonie de lancement de cette activité en Côte d’Ivoire a eu lieu mardi 21 novembre dernier au Palm club de Cocody à Abidjan en présence du ministre des Ressources animales et halieutiques, des partenaires privés publics et de la société savante tous venus échanger, éduquer et sensibiliser sur ce fléau qui constitue un véritable problème de santé publique en Afrique.
En 2019, les infections aux antimicrobiens ont entrainé 1,27 million de décès dans le monde, surpassant ainsi le nombre de décès causés par le VIH/ sida et le paludisme combiné.
Les pays d’Afrique subsaharienne ont enregistré le plus grand nombre de décès liés aux antimicrobiens avec un ratio de 99 décès pour 1000 habitants. Des chiffres qui viennent confirmer une fois de plus que cette résistance est à ce jour, une cause majeure de mortalité.
La Côte d’Ivoire à l’instar de plusieurs pays membres de l’OMS marque depuis 5 ans déjà une pause du 18 au 24 novembre pour sensibiliser le public aux risques associés à l’utilisation inappropriée des antimicrobiens chez l’homme, chez l’animal, et dans les cultures végétales. Cette semaine revêt une importance cruciale, car, elle s’adresse à l’une des plus grandes menaces contemporaines pour la santé mondiale.
En effet, depuis quelques années déjà, L’OMS, le Fond des Nations pour l’Agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la Santé animale (OMSA) ont déclenché en synergie une lutte farouche contre la RAM à travers la « stratégie mondiale OMS pour la maitrise de la résistance aux antimicrobiens élaborée en 2001 » et « Le plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens » depuis 2015.
« La RAM compromet notre capacité à traiter les infections courantes, augmente le coût du traitement, perturbe les progrès que nous avons accomplis dans la lutte contre les maladies et pose ainsi un problème grave pour nos communautés, nos systèmes de santé et nos économies », a déclaré la représentante de l’OMS en Côte d’Ivoire le Dr Fatim Tall.
Dr Fatim Tall
Le fardeau de la RAM est alarmant partout dans le monde. Le thème de cette année est : « Prévenir ensemble la résistance aux antimicrobiens ». C’est un thème inclusif qui a nécessité une alliance quadripartite impliquant l’OMS, la FAO, l’OMSA, et le PNUD dans une approche inclusive pour éradiquer cette menace.
Une menace pressante
C’est une menace d’autant plus pressante qu’elle a conduit l’État ivoirien à mettre sur pied et à institutionnaliser la plateforme « Une seule santé » et le Groupe de Travail Technique (GTT RAM) piloté par la directrice de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire Prof. Mireille Dosso pour l’organisation de cette semaine en vue des objectifs de préventions, de détections et de ripostes aux menaces de santé publique.
- « Après les quatre dernières éditions , le GTTRAM avec l’appui de ses partenaires techniques a une fois de plus, voulu marquer son engagement en organisant la 5ème édition nationale du bon usage du médicament, les activités porteront essentiellement sur la sensibilisation des acteurs selon l’approche « une seule santé dans le secteur animal à Korhogo et à Adzopé, dans le secteur de la médecine humaine, les professionnels de la santé et les journalistes ainsi que la formation de la société civile à la thématique de la résistance aux antimicrobiens », a précisé le Pr Antoinette Fayé Ketté Représentante de la Directrice de l’institut Pasteur de Côte d’Ivoire empêchée.
Elle a tenu a rappelé que ces acteurs constituent des cibles qui permettent de véhiculer le message auprès des populations, profil le plus touché, car il a pour la plupart recours à l’automédication face aux infections, toutes choses qui occasionnent des résistances aux antimicrobiens.
Quant aux partenaires techniques et financiers comme la FAO, ils demeurent tous engagés auprès du gouvernement ivoirien pour réduire l’impact de la résistance des microbes aux antimicrobiens qui restent d’intérêt pour les systèmes de santé et de production.
Le représentant de la FAO en Côte d’Ivoire M. Attaher Maiga a mentionné dans son discours d’ouverture que la FAO fournit aux pays un soutien intégré pour leur permettre de renforcer leurs capacités et leurs moyens de gestion des risques à la RAM dans le secteur de l’alimentation et de l’agriculture.
Les bonnes pratiques
Cette cérémonie de lancement placée sous la haute supervision du ministre des Ressources animales et halieutiques M. TIEMOKO Touré était un choix qui traduisait à suffisance l’opérationnalisation de l’approche « une seule santé. » Tout en rappelant au public présent que la lutte aux antimicrobiens a débuté en Côte d’Ivoire dans les années 1980 et s’est matérialisée en 2002 par la mise en place de l’Observatoire de la Résistance et des Microorganismes aux anti infectieux en abrégé ORMICI.
Le ministre des Ressources animales et halieutiques a tenu à préciser au public présent que tout le monde est concerné par cette lutte. « Nous avons, pense-t-il tous un rôle à jouer pour ralentir la propagation de la résistance aux antimicrobiens. J’aimerais encourager les professionnels de la santé à poser les bons diagnostics, donner des conseils utiles, prescrire les médicaments appropriés, aux éleveurs et aux utilisateurs à utiliser seulement les médicaments prescrits, à respecter les doses prescrites, à éviter les médicaments contrefaits, à éviter l’automédication, et surtout à appliquer le respect des bonnes pratiques de biosécurité dans les élevages ».
Pour le ministre, venir à bout de la résistance antimicrobienne et atteindre l’idéal d’un mon sain pour tous, passent par le respect des mesures d’hygiène et l’adoption des bonnes pratiques.
Au cours de cette journée plusieurs thèmes ont été débattus, des capsules micro trottoirs et un film sur un témoignage des survivants à la RAM ont été projetés. Quelles stratégies de lutte contre la RAM en milieu de soins de santé dans les différents secteurs, c’était le thème du débat du jour animé par les experts en santé animale, environnementale, et humaine, et qui a suscité de vifs échanges avec les participants.
Le plaidoyer au plus haut niveau, le respect des bonnes pratiques, la sensibilisation des professionnels de santé et des populations avec des témoignages probants pour impulser les changements de comportement pour l’usage rationnel des antimicrobiens, ont meublé les derniers propos des panélistes.
Edithe Valerie Nguekam