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Santé-Côte d’Ivoire : formation d’un pool de pharmaciens formateurs pour la sensibilisation sur la Toxicomanie

La formation qui s’est tenue au siège de l’Ordre National des pharmaciens de Côte d’Ivoire le 26 décembre dernier avait pour but de sensibiliser les pharmaciens, de les former à une meilleure prise en charge d’un patient toxicomane. Se sont plus de 156 pharmaciens qui ont participé à cette formation, en ligne et en présentielle.

Aujourd’hui encore, les pays d’Afrique de l’Ouest continuent de faire face à ce problème lié au trafic de drogues illicites et aux troubles liés à l’abus de substances psychoactives.

Dompter la montée de la toxicomanie en milieu jeunes surtout ,et au sein de la population ivoirienne en général, tel est l’objectif que s’est donné le Pr. TIGORI Béatrice, Maître de Conférences Agrégée de toxicologie à l’UFR SPB et son équipe, qui s’est proposée de mettre en place un pool de pharmaciens formateurs répartis sur toute l’étendue du territoire ivoirien pour sensibiliser les populations sur les méfaits de la toxicomanie. Une formation qui s’est déroulée au sein de du siège de l‘ONP-CI à Abidjan. 

La lutte contre La consommation des stupéfiants en milieu jeunes, passe par le déploiement de nombreuses stratégies notamment des interventions, des préventions. En effet, au cours de leur formation, les étudiants de l’UFR des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques (SPB), apprennent plusieurs modules sur la toxicomanie, modules qui sont animés par les membres de l’unité pédagogique de toxicologie. Sur cette base, le pharmacien est déjà doté de compétences nécessaires pour apporter sa contribution à la lutte contre ces addictions. Pour cette formation, trois structures syndicales de pharmacies se sont associées avec le Pr TIGORI pour mettre sur pied  cette initiative, il s’agit de l’Ordre National des pharmaciens, de l’UNPPCI, et de l’UNAPHAFCI. 

La particularité de cette formation est quelle était hybride, en présentielle et en ligne, avec un total de 156 pharmaciens venus acquérir les outils qui leur permettront une meilleure prise en charge des patients toxicomanes dans leur environnement respectifs.

La toxicomanie est aujourd’hui un problème de santé sociale en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest. Les chiffres sont alarmants. en 2020, 9.7%  des 15-64 ont consommé du cannabis et 2.4% des opioïdes pharmaceutiques à des fins non médicales.  Selon le rapport de l’ONUDC, l’usage de substances psychoactives est un problème de santé publique majeur dans le monde. En 2017, environ 271 millions de personnes âgées de 15 à 64 ans dans le monde avaient consommé de la drogue au moins une fois. (De 201 à 341 millions). Cela correspond à environ 6% de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans.

Le cannabis reste la drogue la plus prisée dans le monde. En Côte d’ivoire, la progression de cette consommation est exponentielle depuis 1999. Ce fléau décime la jeunesse à petit feu et les préadolescents sont devenus aujourd’hui des nouvelles cibles. à côté de ça, l’on retrouve des opioïdes, des cocktails fait à base de médicaments achetés en pharmacie  dont la destination est faussée, des tranquillisants, des sédatifs et autres produits à usage domestiques, comme des pots de colle etc…

La formatrice, du jour a défini la toxicomanie comme étant un ensemble de pratiques  et d’attitudes  résultant d’une nécessité acquise  de consommer  un et ou souvent plusieurs substances de toxicité variables et d’activités essentiellement centrale. Des pratiques crées et entretenues par des  produits qui vont mélanger la tête comme on dit couramment. Elle a rappelé que face à l’ampleur de la consommation des drogues et au danger auquel ce fléau expose la population, le pharmacien acteur de santé publique se doit de jouer son rôle.

 « Après cette formation, les pharmaciens participants à cette séance auront tous les éléments qu’ils faut pour aller faire la sensibilisation dans leurs différentes zones d’activités, et c’est à ça que va servir cette formation. Il a l’obligation de jouer son rôle dans la lutte contre ce fléau. Vous constaterez que dans la 2ème partie, nous avons parlé des éléments de repérages et comment organiser la prise en charge. Les dégâts sont certes importants, mais, il faut prendre la bonne décision, c’est-à-dire accompagner le patient à l’hôpital. La prise en charge est psychiatrique, psychologique et de réinsertion, et ceux qui observent ce triptyque s’en sortent » Conseille-t-elle.

Le Dr KIE Danielle pharmacienne, présidente de la Commission Écoute Entraide et Solidarité de l’Ordre National des Pharmaciens de Côte d’ivoire, pense qu’il faudrait s’associer avec toutes les parties prenantes pour lutter contre ce fléau qui plus tard, peut être un handicap pour la jeunesse.

« Les conséquences sur la jeunesse sont inéluctables. Aujourd’hui, nous avons suivi une formation importante, la prévention de la consommation des stupéfiants chez les jeunes, c’est une belle initiative, parce que nos enfants sont exposés aux stupéfiants, parfois sous nos toits,  et nous devons sensibiliser en tant qu’acteur de santé publique,  et aussi, faire de la prévention.

Nous avons appris les méfaits et les milieux impactés, et ensemble nous allons lutter contre ce fléau. Nous allons nous approcher des ministères concernés parce que il faut reconnaitre que ce fléau sévit dans tous les milieux, et il faudrait s’attaquer véritablement à cette problématique, qui trop tard, peut handicaper notre jeunesse, qui est notre avenir et notre richesse » 

Avant 2002 en Côte d’ivoire, la condamnation du consommateur était de 12 mois à 5 ans,  depuis 2022. La peine maximale est de 3 mois avec une injonction thérapeutique. C’est-à-dire astreinte à se soumettre à 1 PEC, et si le toxicomane ne respecte pas l’astreinte il est soumis à une poursuite judiciaire.

Cette formation des formateurs était composée de plusieurs modules, entre autres, la psychologie de  la famille, les éléments de repérages du  toxicomane, les signes d’intoxications au cannabis, la prise en charge psychiatrique et psychologique.

Le Dr KONAN Charles s’est dit réjouit de cette initiative et a souhaité que tous les pharmaciens aient accès à cette formation. Car ils sont la première vitrine de la santé publique. « Il y a beaucoup de choses qui ont été dites lors de cette formation et que on ne savait pas. J’ai beaucoup appris,  sur la prise en charge, et aussi que  la prévention commence à la maison avec une bonne éducation et une proximité avec nos enfants » 

En effet, il en est ressorti que le socle familial doit être des plus solides, le contrôle parental et la stabilité des parents sont des indicateurs émotionnels de bien–être des enfants qui pourront dans une certaine mesure leur éviter de suivre le chemin de la consommation des stupéfiants.

Un cas pratique de travaux réalisés en Côte d’Ivoire par l’équipe du Dr TIGORI a fait l’objet de pratique et plusieurs autres points essentiels pour mieux maitriser la prise en charge du toxicomane dans notre société ont été évoqués. Ces études ont démontré que les élèves et étudiants de sexe masculin avait un taux de prévalence de consommation plus élevé que celle des filles, et les ménages monoparentales avaient des enfants plus disposés à consommer de la drogue.

Après 6 heures de travaux, la formation s’est achevée sous un air de convivialité avec vœux que cette formation se perpétue dans les zones d’activités des pharmaciens afin que ce fléau soit dompté. Un cadeau d’amitié et de confraternité a été remis à la formatrice sous les crépitements d’ appareils photos.

Edithe Valérie Nguekam

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