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Sous le vent de Nice, un appel mondial pour l’Océan

Du 9 au 13 juin 2025, la ville de Nice a accueilli la 3ᵉ Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3). Avec 175 pays représentés, 64 chefs d’État et de gouvernement, 115 ministres, des milliers de scientifiques, de membres d’ONG, de parlementaires et d’activistes, l’événement a donné une voix planétaire à l’un des plus grands défis contemporains : sauver l’océan, ce régulateur vital du climat et de la vie sur Terre.

Le Secrétaire général des Nations Unies a ouvert la conférence par un constat sur la rupture entre l’humanité et l’océan.  Selon António Guterres,  « les récifs blanchissent, les stocks de poissons s’amenuisent, et la montée du niveau de la mer pourrait submerger les deltas, détruire les récoltes et engloutir les littoraux. »  

Les chiffres donnent la mesure du désastre. Selon le Dossier de presse  du ministère de la Transition écologique de la France publié le 8 juin 2025 à l’occasion de L’UNOC3, 15 tonnes de plastique déversées chaque minute, une acidification de 30 % depuis l’ère préindustrielle, 84 % des récifs coralliens déjà touchés par le blanchissement mondial en cours.

Selon les scientifiques, le niveau moyen des mers pourrait s’élever jusqu’à 110 cm d’ici 2100 si les émissions ne sont pas maîtrisées.

En effet, l’UNOC3 a été marquée par une mobilisation politique sans précédent. Le président Emmanuel Macron, co-organisateur de la conférence aux côtés de son homologue costaricien

Rodrigo Chaves Robles, a défendu un multilatéralisme fondé sur le droit international et la science. Pour le chef d’Etat français, «les abysses ne sont pas à vendre. Pas plus que le Groenland, l’Antarctique ou la haute mer».  

Rodrigo Chaves a insisté, quant à lui, sur la nécessité d’un basculement moral. « L’océan nous parle à travers ses récifs blanchis, ses tempêtes, ses mangroves meurtries. Il n’y a plus de temps pour la rhétorique. C’est maintenant qu’il faut agir. »  a-t-il déclaré.

Il a également plaidé pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins en haute mer, une position désormais soutenue par 33 États.

8,7 milliards d’euros pour soutenir la science et les innovations marines

L’UNOC3 a aussi été celle d’un tournant financier. Un fonds philanthropique de 8,7 milliards d’euros a été annoncé pour soutenir la science et les innovations marines. Par ailleurs, plus de 3 000 milliards d’euros d’actifs sont désormais alignés avec les principes de durabilité océanique via l’initiative BackBlue.

A en croire Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse « La finance n’est pas l’ennemie de l’Océan. Elle peut être son alliée la plus puissante. À condition qu’elle soit orientée, contrôlée, et au service du vivant. »

La Polynésie française, quant à elle, a créé la plus grande aire marine protégée au monde : 4,55 millions de km². La France et le Danemark ont interdit le chalutage de fond dans leurs zones économiques exclusives.

Le Plan d’action de Nice, dévoilé en clôture de la conférence, reprend les ambitions du cadre mondial pour la biodiversité adopté à Kunming-Montréal : protéger 30 % des océans d’ici 2030, soutenir une pêche durable, décarboner le transport maritime, et développer des modèles de financement innovants (obligations bleues, échanges dette-nature).

La COP de l’Océan, prévue en 2026, devra transformer les engagements de Nice en politiques concrètes. Car, comme l’a rappelé la rapporteuse spéciale de l’ONU Astrid Puentes Riaño : « Ce qui a été perdu en l’espace d’une génération peut renaître en l’espace d’une autre. ».

Nasser Maîkano (Col)

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