ACTU SCIENCE ENVIRONNEMENT

Sénégal : les défis et limites du code de l’environnement 2023 en débat 

Dans une ambiance saine, une rencontre s’est tenue au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD). Elle portait sur le code de l’environnement de 2023 sous le concept ”NDADJE ÉCOLOGIQUE”.

Cette initiative a réuni des étudiants, des activistes, des experts en environnement et des juristes. Tous assis autour de plusieurs nattes sur l’esplanade du pavillon H,  ont exprimé une même volonté. Celui de  comprendre et rendre accessible le code de l’environnement.

Organisé le 25 juin 2025, ce projet est mené par les Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE) et Action pour la Justice environnementale (AJE). Il porte sur le thème : discussion sur le code de l’environnement de 2023 et son décret d’application. 

L’objectif  de rendre accessible le code de l’environnement composé de 255 articles et les outils y afférant était sur toutes les lèvres. 

Dès l’ouverture, les organisateurs ont rappelé que le code de l’environnement est un instrument juridique essentiel et complexe. Il accorde à chaque citoyen, à travers l’article 8 de la constitution, le droit de vivre dans un environnement sain. Pourtant, beaucoup ignorent l’existence même de ce texte.

Selon Lamine Diagne, expert en justice environnementale et coordinateur de AJE, « le problème n’est pas le contenu du code, mais son accessibilité. Néanmoins, il faut aller dans les communautés, auprès des jeunes et l’expliquer avec des mots simples.» Il insiste également sur l’importance des biens communs, souvent mal protégés, «plus il y’a de compétition sur les ressources, plus il y’a de conflits », dit-il.

Lamine Diagne, expert en justice environnementale et coordinateur de AJE

Ibrahima Dieng  étudiant en master 1 en droit public, quant à lui, a exprimé son souhait de voir les jeunes jouer un rôle important dans la diffusion du code. « Nous, étudiants, pouvons lire les textes, les vulgariser et les transmettre à nos communautés. Beaucoup d’entreprises polluent sans savoir qu’elles enfreignent la loi. Il faut leur expliquer leurs responsabilités, mais aussi leurs droits. »

Toutefois, « on peut avoir des lois, mais si on n’a pas des agents qualifiés pour les faire respecter, elles ne servent à rien. » ajoute-t-il.

Pour Mounganga Boulingui, directeur de programme à JVE-Sénégal, cette disposition représente une avancée concrète.

« L’environnement est agressé chaque jour. Nous avons enfin des outils juridiques pour réagir. Ce qu’il nous manque, c’est l’appropriation citoyenne. Il faut que les populations sachent qu’elles peuvent agir. » 

Mounganga Boulingui, directeur de programme à JVE-Sénégal

Accès à l’information 

D’autre part, ces échanges ont aussi mis à nu les obstacles d’accès à l’information environnementale. L’activiste Mbacké Seck, a dénoncée dans sa prise de parole la complexité des études d’impacts : « Certains rapports font entre 500 et 8000 pages. Les citoyens n’ont pas les moyens de les lire, encore moins de les obtenir. » 

De plus, il critique la manière dont sont organisées les concertations : « Ce ne sont plus des audiences publiques. Ce sont des comités techniques, fermés, où le public ne peut plus poser de questions. » 

Le constat est écœurant dans la mesure où plusieurs textes législatifs restent non appliqués faute de décrets. C’est le cas de la loi n 2020-04 du 08 janvier 2020 interdisant les plastiques, ou encore la loi sur les domaines public maritime.

Le droit environnemental peine à s’imposer dans certaines zones comme : Bargny, Anne ou Rufisque. Les populations sont pourtant en première ligne face aux dangers industriels et climatiques. Le retard sur les décrets d’applications de ces lois est entre autres les maux que fustigent les participants. 

Le code l’environnement stipule en son article 33 que ‘l’étude d’impact environnemental et social s’applique à tout projet et à toutes activités susceptibles de générer des dangers sur l’Environnement et la santé humaine’. Une loi qui peine à être appliquée dans un contexte où des ressources gazières et pétrolières sont exploitées. 

Pour arriver à une compréhension large du code de l’environnement 2023 et de son décret d’application, plusieurs intervenants ont soulignés l’importance de rendre la loi accessible aux jeunes générations, de vulgariser le code dans les langues locales à l’instar de cet évènement.

Rahime Diallo

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Vous aimerez aussi

Voir plus