ACTU SCIENCE SANTÉ

Méningite au Tchad : une étude trace la voie vers une riposte plus efficace

Une récente analyse situationnelle de la chaîne de valeur de la surveillance génomique de la méningite au Tchad met en lumière un potentiel encore sous-exploité, mais riche en promesses.

Selon l’OMS la méningite est une inflammation des tissus qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Elle peut être d’origine infectieuse ou non infectieuse, peut entraîner un risque élevé de décès et de complications à long terme, et nécessite des soins médicaux en urgence.

À travers une collaboration transdisciplinaire entre experts et institutions, cette étude révèle des capacités techniques et des opportunités pour renforcer la détection précoce et la riposte rapide face à cette maladie mortelle.

L’étude, pilotée par la moléculaire épidémiologiste Dr Kany Diallo du Centre Suisse de Recherche Scientifique, Côte d’Ivoire (CSRC) repose sur une méthodologie transdisciplinaire. « La surveillance génomique, c’est l’analyse de l’information génétique des bactéries qui causent la méningite… pour pouvoir faire des reconnaissances, identifier des mutations et tirer des conclusions utiles à la santé publique », explique-t-elle.

Les résultats de l’analyse situationnelle de la chaîne de valeur pour la surveillance génomique de la méningite au Tchad montrent un réel potentiel, plusieurs défis, mais aussi et surtout un intérêt particulier pour la technologie de pointe, dont la génomique.

« Ce qu’on a pu identifier, c’est que les capacités de séquençage génomique existent au Tchad, avec deux laboratoires qui sont équipés et capables de faire du séquençage pour d’autres pathogènes, mais qui ne sont pas encore appliquées à la méningite», déclare Dr Kany Diallo du Centre Suisse de Recherche Scientifique, Côte d’Ivoire (CSRC) principale investigatrice du projet.

Aussi, ajoute la même source, nous avons pu déceler des difficultés, notamment par rapport à la culture bactérienne, qui est une étape clé pour pouvoir aller vers le séquençage, et nous avons identifié des pistes d’amélioration pour pouvoir mener à bien ces activités-là.

La méningite demeure un enjeu de santé publique majeur pour le Tchad, situé dans la ceinture africaine à haut risque. Malgré la gravité des épidémies, la surveillance est limitée par le manque de technologies de séquençage génomique accessibles localement.

Dans ce contexte, une analyse situationnelle a été menée pour cartographier la chaîne de valeur, depuis l’alerte initiale dans les centres de santé jusqu’aux laboratoires régionaux et nationaux.

Pour ce faire, une approche alliant sciences biologiques, sociales et médico-administratives a été mobilisée, confirme l’anthropologue Gilbert Fokou : « L’approche transdisciplinaire suppose une collaboration étroite entre les acteurs scientifiques et non scientifiques… pour produire une connaissance transformative qui alimente la science tout en résolvant des problèmes concrets. »

Dr Khadija Gamougam est cheffe de service adjoint du laboratoire du CHU-RN et point focal pour la surveillance de la méningite au niveau du ministère de la Santé. Dans le cadre de la surveillance génomique de la méningite, l’analyse des chaînes de valeur, elle est la co-investigatrice du projet.

Selon cette source, la surveillance génomique de la méningite ne se fait pas au tchad, ça se fait avec les centres collaborateurs. Mais rapporte-elle, par rapport au projet, on a essayé de faire l’analyse au niveau national.

« Nous avons constaté que certains laboratoires disposent de la capacité génomique… ce qui réduit le délai et permet des décisions rapides pour la surveillance de la méningite. Et là, dans le cadre de vaincre la méningite d’ici à 20, 30 ans, nous allons vraiment atteindre l’objectif, c’est s’il faut faire la surveillance génomique sur place», dit-elle.

Pour le Dr Djimtebaye Djimtola, ancien médecin-chef du district de Gundi, aujourd’hui à la direction de la lutte contre la maladie, la vaccination et la surveillance épidemiologique au ministère de la santé publique et de la prévention au Tchad, les différences d’infrastructure posent un réel problème. I

Il témoigne que : « Quand on suspecte la méningite à Gundi, on a tout le matériel nécessaire… ce qui n’est pas le cas dans les autres districts ». Il insiste sur la nécessité de comprendre et intervenir en amont avant l’utilisation de médicaments de dernière génération.

Le projet analyse situationnelle de la chaine de valeur pour la surveillance génomique de la méningite au Tchad est mis en oeuvre par le Centre Suisse de Recherche Scientifique, Côte d’Ivoire (CSRC) avec l’appui financier de Meningitis Research Foundation (MRF) et du Wellcome Trust.

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Vous aimerez aussi

Voir plus