Le changement climatique est un défi mondial aux répercussions omniprésentes, comme le met en lumière le dernier rapport du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat (GIEC), soulignant l’urgence d’agir. Un moyen efficace de répondre à cette urgence réside dans l’utilisation des Systèmes d’Information Géographique (SIG). Dans cet article, nous explorons comment les SIG peuvent être des outils cruciaux dans la lutte contre les impacts néfastes du réchauffement climatique.
Selon les chercheurs du GIEC, le réchauffement climatique est une réalité sans équivoque. Les projections d’émissions prévoient une hausse des températures variant de 1,1 à 2,9 °C d’ici la fin du siècle selon le scénario le plus optimiste, et de 2,4 à 6,4 °C dans le scénario le plus pessimiste.
Les modèles prédisent également une élévation du niveau de la mer se situant entre 18 et 59 centimètres d’ici à 2099. Le GIEC estime par ailleurs qu’il est très probable, à 90%, que les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes, et plus variables d’une année à l’autre.
Bien que l’Afrique ne soit responsable que de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), on la considère comme le continent le plus vulnérable aux impacts des changements climatiques observés par l’augmentation des températures moyennes en Afrique, ce qui entraîne des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses dans plusieurs pays du continent.
Selon BBC news Africa, un certain nombre de pays de la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest ont été frappés par une forte vague de chaleur qui s’est abattue à la fin du mois de mars et s’est prolongée jusqu’au début du mois d’avril 2024.
SIG et changement climatique
Dans la lutte contre le changement climatique et plus particulièrement le réchauffement climatique, les Systèmes d’Information Géographique (SIG) se sont imposés comme des outils indispensables.
Originaires des États-Unis dans les années 1970, les SIG se sont rapidement répandus dans le monde entier, devenant un élément indispensable de la géomatique. Ces systèmes permettent la collecte, l’analyse et la visualisation de données géographiques liées au climat, facilitant la surveillance en temps réel du changement climatique.
Des logiciels SIG populaires tels que ArcGIS, QGIS et ERDAS IMAGINE offrent des fonctionnalités avancées pour l’analyse spatiale, la modélisation des données climatiques et la simulation de scénarios futurs, ils permettent de cartographier les changements de température, de suivre l’évolution des phénomènes météorologiques extrêmes, et d’identifier les zones à risque permettant aux décideurs de planifier efficacement des mesures d’adaptation.
Selon Cheick Ahmed Rahim SANFO, ingénieur Spécialiste et formateur des logiciels SIG, PDG chez Bureau d’Etudes Ingénieurs Conseils et Géomatique « les pays africains peuvent tirer parti des systèmes d’information géographique (SIG) pour lutter contre le réchauffement climatique grâce à diverses stratégies ».
Cet espère estime que, les SIG peuvent être utilisés pour surveiller et analyser les changements d’affectation des terres, les taux de déforestation et les émissions de carbone, fournissant ainsi des informations précieuses sur les facteurs du changement climatique.
De ce fait, en comprenant ces modèles, les décideurs politiques peuvent développer des efforts de conservation ciblés et des pratiques de gestion durable des terres pour atténuer l’impact de la déforestation et de la dégradation des terres.
Cheick Ahmed Rahim SANFO ajoute que le SIG peut faciliter l’identification d’emplacements appropriés pour des projets d’énergie renouvelable tels que des parcs solaires et éoliens. Aussi, va t-il ajouter, les SIG peuvent aider à la planification d’infrastructures résilientes pour atténuer les effets du changement climatique, telles que la cartographie des inondations et l’analyse des îlots de chaleur urbains, aidant ainsi les communautés à s’adapter au changement climatique et à construire un avenir durable.
Selon un rapport du Groupe de travail informationnel pour l’Afrique, commun à l’USAID et à WRI, les systèmes d’information géographique (SIG) sont parmi les plus efficaces, et les plus utilisés, pour présenter les données environnementales; ils sont pourvus de logiciels reprenant les informations visuelles, entre autres, de bases de données, adaptées à un contexte géographique: en cliquant sur une carte en ligne, on peut par exemple obtenir les données sur le climat, la population, etc., de l’endroit indiqué, et même des éléments en temps réel tels que la température du moment.
Grâce au SIG, les chercheurs peuvent cartographier, modéliser, rechercher et analyser de grandes quantités de données réunies au sein d’une seule base de données, ce qui rend le SIG un instrument très requis dans les études climatiques.
Selon la FAO, les outils de SIG ont connu une évolution rapide ces cinq dernières années, permettant désormais l’installation de systèmes SIG très performants sur des ordinateurs personnels. Ainsi, le logiciel SIG devient essentiel pour l’analyse des données environnementales et constitue un support crucial pour la prise de décision.
Les applications SIG sont utilisées dans l’ensemble des départements techniques de la FAO, dans des domaines tels que l’évaluation des ressources forestières (ERF), les ressources halieutiques (FIGIS), le climat et les ressources du sol.
La FAO a mis au point de nombreuses applications, notamment WinDisp, SCPI (Système de cartographie des principaux indicateurs) et GeoNetwork, qui font largement appel à la technologie SIG et sont exploitées aussi bien à la FAO qu’à l’extérieur.
Des exemples concrêts sur le continent
Au Burkina Faso, les analyses faites avec des systèmes d’information géographique (SIG) dans un programme d’alerte précoce ont permis de prédire avec précision les problèmes de production agricole. Cela a aidé le gouvernement à prendre rapidement des mesures pour y remédier.
En Côte d’Ivoire, l’utilisation des outils SIG a rendu la gestion des concessions forestières plus efficace et transparente, tout en améliorant également la gestion des transports et de la santé. Parfois, les analyses SIG ont eu des conséquences politiques inattendues.
En Gambie, une inspection de sites identifiés comme lieux potentiels de décharge de déchets a révélé qu’ils étaient en réalité habités.
Cela a conduit à la création de lois pour réformer la gestion des terres. Les analyses SIG ont souvent eu des impacts au-delà des projets individuels, suscitant l’intérêt d’autres ministères et pays voisins.
En Côte d’Ivoire, les bases de données spatiales utilisées par la mairie de Cocody ont incité d’autres municipalités à adopter des outils similaires pour la planification urbaine.
Bref, les Systèmes d’Information Géographiques (SIG) se révèlent être des outils inestimables dans la lutte contre le réchauffement climatique en Afrique. Face aux défis climatiques croissants dans la région, les SIG offrent une approche précieuse pour la collecte, l’analyse et la visualisation des données géographiques liées au climat.
Leur utilisation permet non seulement de mieux comprendre les changements climatiques en cours, mais également de guider les décideurs politiques dans la formulation de stratégies d’atténuation et d’adaptation efficaces.
De plus, les applications SIG populaires offrent des fonctionnalités avancées pour la modélisation des données climatiques, la cartographie des risques et la planification d’infrastructures résilientes.
Formation
Il est essentiel de reconnaître le potentiel des SIG dans la promotion d’une gestion durable des ressources naturelles, la protection de l’environnement et la création de sociétés plus résilientes aux effets du changement climatique.
Cependant, pour maximiser leur impact, il est nécessaire de renforcer les capacités des acteurs locaux en matière d’utilisation des SIG, de promouvoir la collaboration internationale dans le partage des données et des meilleures pratiques, et d’assurer un financement adéquat pour le développement et la mise en œuvre de projets basés sur les SIG.
En intégrant les Systèmes d’Information Géographique (SIG) dans les politiques et les actions de lutte contre le changement climatique en Afrique, nous aspirons à forger un avenir plus durable et résilient pour les générations à venir.
Zara Yasmine Hassan (Stag)
