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Les microbes veulent-ils prendre le dessus ? 

La prise de doses incorrectes, ou encore l’administration d’un antimicrobien à la mauvaise fréquence ou pendant une durée insuffisante ou excessive, sont des exemples de mauvaise utilisation 

L’emploi d’anti-microbien a suscité depuis quelques années la survenue d’un problème majeur touchant la santé mondiale : « la résistance microbienne ». Ce phénomène résulte d’une mauvaise utilisation des anti-microbien. Il a provoqué plusieurs dégâts à l’échelle mondiale et il est réellement tant d’agir.

Les anti-microbien qui sont censés être utilisés contre les microbes dans le but de ralentir leur croissance voir les tuer sont depuis quelques années au plan mondial, en voie d’inefficacité. Plusieurs individus à l’échelle mondiale meurent d’infections dues aux microbes/bactéries résistants.

Cela devient ainsi un réel problème de santé publique pointé du doigt dans plusieurs articles scientifiques. En 2019, plus de 1,2 million de personnes ont perdu la vie à l’échelle mondiale à la suite d’infections engendrées par des bactéries résistantes aux antibiotiques, d’après les conclusions de l’étude la plus exhaustive menée jusqu’à ce jour sur ce sujet.

Il s’agit d’une étude du ‘Global Research on Antimicrobial Resistance’’, projet de recherche majeur dirigé par les universités d’Oxford et de Washington, impliquant plus de 3 500 chercheurs. Cette donnée excède le nombre annuel de décès dus au paludisme ou au sida.

Le rapport souligne que bien que les pays les moins nantis soient les plus durement touchés, la résistance aux anti-microbiens constitue une menace pour la santé de l’ensemble de l’humanité. 

Qu’est-ce que la résistance aux anti-microbiens ? 

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à travers une publication en 2017, « la résistance aux anti-microbiens, ce qu’il faut savoir », partage une clarification à ce sujet. La résistance aux médicaments contre les microbes est un phénomène naturel où les micro-organismes tels que bactéries, virus, parasites et champignons perdent leur sensibilité aux effets des traitements antimicrobiens tels que les antibiotiques, qui étaient auparavant efficaces pour combattre les infections. 

« La prise de doses incorrectes, ou encore l’administration d’un anti-microbien à la mauvaise fréquence ou pendant une durée insuffisante ou excessive, sont des exemples de mauvaise utilisation », affirme l’organisation. 

Quels risques sont liés à la résistance aux anti-microbiens ?

La résistance altère l’efficacité des médicaments, rendant difficile,  voire impossible, le traitement des infections et maladies. Elle est liée à une augmentation du taux de mortalité, à l’allongement des durées de maladies chez les humains et les animaux, ainsi qu’à des pertes de production dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de l’aquaculture.

Cela constitue une menace pour la santé mondiale, les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. De plus, la résistance aux anti-microbien entraîne une hausse des coûts des traitements et des soins.

En se basant sur les données fournies par 87 pays en 2020, un récent rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) met en lumière des niveaux élevés de résistance aux bactéries. 

Cette résistance entraîne des infections sanguines potentiellement mortelles et une augmentation de la résistance au traitement pour plusieurs bactéries responsables d’infections courantes au sein de la population.

Le rapport du Système mondial de surveillance de la résistance aux anti-microbiens et de leur utilisation (GLASS) présente pour la première fois une analyse des taux de résistance aux anti-microbiens (RAM) en tenant compte de la couverture nationale du dépistage, des tendances de la RAM depuis 2017 et des données sur la consommation d’anti-microbiens chez l’homme dans 27 pays. Les infections bactériennes courantes montrent une résistance croissante aux traitements.

  • Ainsi, plus de 60 % des isolats de Neisseria gonorrhoeae, une maladie sexuellement transmissible courante, présentent une résistance à l’un des antibactériens oraux les plus couramment utilisés, la ciprofloxacine. Plus de 20 % des isolats de E. coli , l’agent pathogène le plus courant dans les infections des voies urinaires, étaient résistants à la fois aux médicaments de première intention (ampicilline et cotrimoxazole) et au traitement de deuxième intention (fluoroquinolones).

« La résistance aux anti-microbiens s’attaque aux fondements de la médecine moderne et met en péril la vie de millions de personnes », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

« Pour comprendre véritablement l’ampleur de la menace mondiale et mettre en place une riposte de santé publique efficace à la RAM, nous devons développer les analyses microbiologiques et fournir des données de qualité garantie dans tous les pays, et pas seulement dans les pays les plus riches », a-t-il ajouté.

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS

En quoi la résistance aux anti-microbien nous concerne-t-elle tous ?

« La résistance aux antimicrobiens menace la santé animale, la sécurité sanitaire des aliments, la sécurité alimentaire, la prospérité économique et les écosystèmes dans le monde entier », à en croire le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu. « L’humanité doit s’unir dès maintenant pour empêcher l’apparition de maladies qui résistent aux médicaments et atténuer leurs incidences », martèle-t-il.

Madame Inger Andersen a annoncé que « les problèmes qu’entraîne la résistance aux anti-microbiens ne peuvent être appréhendés ni réglés indépendamment des trois crises planétaires actuelles – le changement climatique, l’appauvrissement de la nature et de la biodiversité, et la pollution et les déchets –, car tous trouvent leur origine dans des modes de consommation et de production non durables ».

Pour la Directrice exécutive du PNUE, « la crise climatique et la résistance aux anti-microbiens sont parmi les menaces les plus graves et les plus complexes qui pèsent actuellement sur la planète. Elles ont toutes les deux, été aggravées par l’action humaine, mais cette même action humaine peut aussi nous aider à en venir à bout. »

Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE

Une menace grave pour la santé publique est en train de se déployer rapidement, il est impératif d’agir immédiatement. Il est important de préconiser un investissement immédiat dans de nouveaux traitements et une utilisation plus éclairée des médicaments existants pour se prémunir contre cette menace.

Joachelle Y. Gounou

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