« Jeunesse, Démocratie et Paix : défis et enjeux de nos Etats à l’épreuve des crises sécuritaires en Afrique de l’Ouest », tel est le thème de l’édition 2023 de la traditionnelle Conférence annuelle des boursiers de la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS). Tenue dans la commune du Golfe 6 à Lomé (Togo), du 20 au 24 novembre 2023, elle a pour but de mener des réflexions sur un thème d’actualité tout en favorisant le réseautage de ses boursiers.
Cette Conférence a réuni une trentaine de participants issus des quatre pays couverts par le programme Dialogue Politique en Afrique de l’Ouest à savoir, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Togo. Il faut le préciser, la Konrad-Adenauer-Stiftung à travers plusieurs programmes, soutient activement d’innombrables travaux de recherche en sciences politiques, en économie, pour n’évoquer que cela.
Brève contribution du Réseau des Alumni-PDWA sur la problématique de la récurrence des coups d’Etats militaires en Afrique de l’Ouest
Depuis quelques années, l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une série de coups d’Etats militaires. Plusieurs pays dont le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger ont vécu ces évènements. Entre 2020 et 2023, la sous-région ouest-africaine a connu six coups d’Etats réussis. Pour mener la réflexion sur ce phénomène qui menace les acquis démocratiques, la Conférence annuelle des Alumni du programme Dialogue Politique en Afrique de l’Ouest, tenue du 21 au 23 novembre 2023 à Lomé, s’est penchée sur le thème : Jeunesse Démocratie et Paix : défis et enjeux de nos Etats à l’Epreuve des Crises sécuritaire en Afrique de l’Ouest.
Le diagnostic posé par les participants a permis d’identifier certaines causes de ces coups d’Etats et d’en proposer des pistes de solutions.
Les coups d’Etat en Afrique de l’ouest et leurs multiples causes
À l’analyse, ce phénomène qui prend de l’ampleur ces dernières années repose sur des causes à la fois politiques, socio-économiques et sécuritaires.
Sur le plan politique, il est à noter que l’échec des politiques publiques marqué par la corruption et la mauvaise gouvernance contribue grandement à alimenter ces coups de force. En effet, une telle gestion non inclusive est la source de nombreuses frustrations qui servent d’éléments de justification à la prise de pouvoir par les militaires.
À cela s’ajoute la problématique des révisions ou de changement constitutionnel contestés dans certains pays, dits coups ‘’d’Etat constitutionnel’’. Si en Côte d’Ivoire les contestations sociales contre la révision constitutionnelle à l’aune de la présidentielle de 2020 ont connu une certaine accalmie permettant de maintenir la stabilité institutionnelle, la Guinée voisine, soumise également à la même problématique, a quant à elle vécu une tout autre issue.
En effet, le Président Alpha Condé a été renversé par un coup d’Etat militaire en septembre 2021, dans un contexte de réforme constitutionnelle le présageant à un troisième mandat.
Sur le plan socio-économique, plusieurs problèmes sont à noter. Il s’agit entre autres du manque d’éducation civique et démocratique des populations, l’augmentation des taxes et des impôts qui entraînent la cherté de vie, l’inégale répartition des ressources, le chômage des jeunes, etc. Face à tous ces problèmes, les populations n’hésitent pas à soutenir les régimes militaires qu’elles considèrent à tort ou à raison comme des ‘’sauveurs’’.
Sur le plan sécuritaire, la sous-région ouest-africaine est aujourd’hui en proie au terrorisme et à toutes formes de trafic qui alimentent l’insécurité. Devant cette situation, les militaires qui tiennent pour responsables les pouvoirs civils qu’ils accusent d’incompétence et de laxisme s’accaparent le pouvoir avec la promesse de résoudre ces problèmes sécuritaires.
Les cas du Mali et du Burkina Faso en sont une parfaite illustration. Aujourd’hui, il y a lieu de trouver des solutions concrètes et transversales à cette problématique pour sortir notre sous-région de la contagion des coups d’Etats militaires.
Quelles solutions pour mettre fin aux coups d’Etat ?
Les réflexions menées lors de cette conférence ont permis aux participants d’évoquer plusieurs pistes de solutions en vue de mettre fin à ces coups d’Etat. Celles-ci prennent en compte à la fois la société civile, les politiques, et les militaires.
Pour ce qui est de la société Civile, il lui a été recommandé de renforcer ses actions en matière d’éducation à la culture politique et citoyenne des populations. Elle devrait également faire une veille citoyenne à travers la mise en place des systèmes d’alerte précoce afin de prévenir l’avènement des conflits et des coups d’Etats.
Il est aussi recommandé à la société civile de mettre en place un cadre de dialogue permanent qui réunira tous les acteurs de la vie publique afin d’aplanir les tensions.
À l’endroit des acteurs politiques, il a été recommandé de mettre au cœur des préoccupations les intérêts et besoins des populations et de privilégier la transparence dans la gestion des affaires publique afin d’assurer une juste répartition des ressources.
Quant aux militaires, ils doivent jouer pleinement leur rôle de sauvegarde des institutions et des protections des intérêts du pays, de la population ainsi que du territoire. Dans l’exécution de leur mission régalienne, ils doivent se montrer républicains c’est-à-dire, être au service de l’Etat et non des individus.
Un coup d’Etat porte atteinte au bon fonctionnement des institutions et remet en cause les acquis démocratiques. Il est donc nécessaire de faire des choix politiques qui permettent de renforcer la démocratie, la bonne gouvernance et le bien-être des populations.
Fait à Lomé, le 23 novembre 2023
Par la Coordination régionale du Réseau des Alumni PDWA