ENTRETIEN ENVIRONNEMENT

Laouani Garba, chef de la division recherche agricole à la BAD : « selon les pays, près de 80% de nos populations se retrouve chaque jour au champ »

Exposition de produits agricoles / Cell Com CORAF

Laouani Garba, chef de la division recherche agricole à la BAD : « selon les pays, près de 80% de nos populations se retrouve chaque jour au champ »

Le chef de la division recherche agricole production et durabilité de la Banque Africaine de Développement Laouani Garba a accordé un entretien à notre équipe. C’était lors de la tenue de la première édition de la foire des technologies en Afrique de l’Ouest.   A l’initiative du Coraf et de ses partenaires, Dakar a accueilli cette 1 ère édition qui a connu l’exposition des produits agricoles variés, issues de la transformation technologique. Entretien express avec l’équipe de allforsciences.media.

Une foire de technologie de l’Afrique de l’Ouest, pour quels enjeux ?

Laouani Garba : L’enjeu est très important pour l’Afrique de l’ouest et le continent et c’est pour ça la Banque Africaine de Développement dès 2016 s’est dotée d’une stratégie qui vise la transformation de l’agriculture africaine que nous avons intitulé ”nourrir l’Afrique”. Car nous sommes dans un continent où jusqu’à maintenant, pour tous nos pays, l’agriculture représente 60 à 80% de l’économie. Nous avons aussi selon les pays, près de 80% de nos populations qui chaque jour se retrouve au champ.

Si on prend par rapport à l’aspect technologique, en Occident ou en Amérique du Nord ou en Europe, vous avez moins de 5% de la population qui pratique l’agriculture. Ils arrivent à se nourrir et à innover. Nous, nous avons 80% de la population qui va chaque jour au champ et qui n’arrive pas à se nourrir.

La différence en tout cas et une des différences clefs est liée à l’accès aux technologies. Donc tant que nous n’arriverons pas à véritablement facilité l’accès aux technologies à nos producteurs notamment à 80% de nos agriculteurs, il serait difficile véritablement d’avoir la sécurité alimentaire en Afrique tout comme il serait difficile de lutter contre la pauvreté, tout comme il serait aussi difficile d’assurer le développement durable en Afrique.

Donc l’agriculture et l’accès aux technologies sont vraiment la clé du développement en Afrique et de la sécurité alimentaire et surtout de la lutte contre la pauvreté. Et c’est dans ce sens donc que la BAD a fait de ça une de ses grandes priorités.

De quelles technologies  s’agit-il concrètement ?

Il faut considérer la technologie suivant toute la chaîne de valeur. Aujourd’hui si on prend le Sahel dans notre contexte en Afrique de l’Ouest par exemple, pour pouvoir accéder à des semences améliorées qui sont résistantes à la chaleur, il y à la différence. Ça c’est très important donc vous avez aussi la question de comment économiser l’eau.

Nous sommes dans un contexte où, il faut véritablement s’assurer que nous avons des technologies qui puissent permettre de rationaliser. Nous devons aussi avoir accès à des technologies pour mieux lutter contre les maladies tout comme aussi, il y a certaines technologies qui se concentrent ceux que vous avez cité tout à l’heure comme les drones. Donc il y a tout un paquet de technologies mais ce qui est important pour nous aujourd’hui, avec le programme qui a été initié par la BAD, dans un premier temps c’est de montrer que les solutions existent bel et bien.

Vous allez voir les exemples qui vous seront présentés et qui ont fait leur preuve avec des résultats palpables, en tout cas selon les pays où on a pu rapidement doubler la production donc les solutions existent. Il faut être capable de paqueter cette écologie là et de les rendre accessible aux petits producteurs.

Que faire la BAD pour faciliter le financement ?

Depuis 2016, la stratégie que nous avons adopté est que nous avons une ambition, c’est d’être capable d’investir à chaque année au moins deux à quatre milliards de dollars pour l’agriculture en Afrique. Mais le besoin est véritablement au-delà de ça. C’est dans ce sens-là aussi la question du déploiement de technologies.

Et c’est là que nous avons mis en place pour d’abord caractériser les technologies et démontrer aux pays que les techniques existent.  Nous sommes dans une deuxième phase où maintenant de manière systématique, nous voulons faire en sorte que tous les projets d’agriculture de la BAD puisse intégrer les  technologies.

Nous avons eu en avril passé, une réunion de haut niveau avec 18 chefs d’État africain pour voir comment accélérer le déploiement des technologies agricoles en Afrique et il était ressorti qu’une des contraintes c’est véritablement le financement et la banque africaine de développement est en train de mettre en place une facilité pour le financement de la sécurité alimentaire en Afrique.

Il va véritablement accélérer le déploiement de technologies. Et nous sommes véritablement la dessus à différentes occasions même là dans deux semaines à la COP26, nous allons présenter cette initiative à l’ensemble de la communauté internationale car la sécurité alimentaire est une priorité pour le continent.

Ces technologies pourraient vraiment résoudre les problèmes ?

Il n’y a pas de doute la dessus comme je vous l’ai dit. La question c’est que les solutions existent et sont là. Maintenant toute la question c’est comment faire en sorte que le continent puisse prendre véritablement ce déploiement de technologie et sur ce plan aussi, je pense que l’ensemble du continent incluant le niveau continental avec l’Union africaine est d’accord avec cette approche et tous les initiatives qui sont entrain prises en compte. Donc à ce niveau, je pense que c’est vraiment est un virage important, une option et notons aussi que si on regarde aujourd’hui, nous avons aussi d’autres défis qui sont à relever ou lutter en dehors de la forte croissance de la population en Afrique, et il y a le changement climatique qui est là et récemment la COVID. Donc nous n’avons pas le choix en tant que continent que de chercher ses solutions, si non nous resterons toujours indépendant. Et dans le contexte africain c’est impossible d’envisager un développement qui ne passe pas par l’agriculture.

Propos recueillis par Giraud Togbé

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Vous aimerez aussi

Voir plus