Si le premier a permis de rêver à un monde sans gaz à effet de serre, le second, semble-t-il, va permettre d’aller au bout de ce rêve. Mais entre Dubaï 2023 et 2050, l’échéance fixée pour vivre sans énergie fossile, il y bien un trou d’une vingtaine d’années. Quand on le rapporte aux tergiversations post-Paris, on a bien du mal à envisager sereinement la suite.
Au fait, Paris 2015 à Dubaï 2023, c’est 8 ans d’errements sans horizon précis. En 1948, Samuel Beckett a écrit une pièce de théâtre au titre emblématique publié en 1952, « En attendant Godot ». Il n’est même pas de notre époque. Et pourtant son œuvre est bien inspirante. Que faire donc en attendant 2050 ?
Il a fallu tirer sur la corde, forcer des mains pour arracher ce minimum pour éviter un Copenhague bis. Et le visage, très souvent terne, du Sultan Al-Jaber, le contesté Président de la COP28, volé par endroits, par les chaînes de télévisions, en disait long sur son degré de « souffrance ».
Il n’y a, en effet, aucun plaisir à être Président d’une telle rencontre sur le climat, dans un pays, qui plus est le sien et en plus, cinquième au rang des producteurs de pétrole et PGD d’une compagnie pétrolière, le risque, il est trop grand. Manifestement, il a su s’extirper de ce piège , et le jour d’après, l’humanité s’est mise à croire à la fin du pétrole, du gaz et du charbon, sauf, ces compatriotes, imaginons.
C’est lui, c’est sous lui, c’est sous sa présidence que le reste du pétrole émirati a été enterré, ironiseront, quelques fois, certains. Mieux, ça peut lui valoir aussi d’autres ennuis. Son pays, comme beaucoup tant d’autres tiennent à leurs ressources et ne veulent rien laisser sous le sous-sol.
Conduire des négociations qui débouchent sur un tel accord chez lui, peut prendre l’allure d’un crime de lèse-majesté. Les sages disaient, dès que l’occasion se présente, que, c’est derrière le visiteur que les dettes liées aux boissons sont payées. Inutile de nous en préoccuper.
Et le texte tant convoité ?
Mis à part quelques esprits chagrins, cet accord dénommé « accord de Dubaï» est bon aux yeux de la grande majorité des délégués présents à cette rencontre. Faisons le point. Les pertes et dommages : le fonds créé est entérinée. Mais, la caisse restera moins remplie pendant longtemps encore qu’il leur plaira. Suivez mon regard !
Les pays vulnérables qui espèrent récupérer un peu d’argent pour les dommages causés par les extrêmes météorologiques attendront jusqu’à la définition totale des différents critères de contribution et de partage. La santé, elle est à inscrire désormais dans les annales des COP cette journée. C’est d’ailleurs, l’une des innovations de Dubaï 2023.
`A partir de Dubaï, une attention particulière sera accordée à cette thématique pour mieux disséquer les effets des changements climatiques sur l’organisme humain. La transition pour atteindre la neutralité carbone en 2050 restera pendant un bout de temps comme la plus grande victoire de cette conférence, non sans peine.
« Accord de Dubaï », il faut l’écrire, à chaque fois au fronton de chaque site qui accueille les prochaines COP pour que personne ne l’oublie. Une sorte de compte-à-rebours qui va nous conduire jusqu’à l’échéance.
Commence, dès l’instant le plus dur, surtout pour certains pays africains qui ont toujours associé à un « canular », la sortie de l’énergie fossile.
Ceux qui ont un plan ou une politique comme le Kenya avec la géothermie ou l’Ethiopie avec l’énergie solaire peuvent réfléchir sereinement à l’après-pétrole. Quant aux autres, ils doivent se préparer à une grande bataille : gagner la guerre de l’énergie. Toutefois, il faut éviter les fausses solutions.
L’énergie nucléaire
Au-delà du fait qu’on la range dans la catégorie des énergies propres, elle a son côté sale. Les allemands devraient lui tourner le dos. Ils n’ont pas été plus loin, malheureusement.
Ce qu’ils redoutaient, ce sont les déchets issus de la combustion de cette énergie. La France de Macron, dans ce domaine continue de ne pas être lisible.
On attend la suite de ce qu’il a conclu à la COP28 avec une vingtaine de pays sur l’énergie nucléaire. Cependant, ce que ces pays peuvent imaginer pour la transition énergétique ne peut pas être identique à celle du monde, enfin, pas forcément pour les pays africains.
Ces derniers doivent réfléchir à chaque choix et le faire maintenant. Inutile de s’agiter à l’approche de l’échéance. 2050, c’est déjà là. Enfin, adaptation, financement climatique, transfert de technologies, les thématiques qui n’ont pas été vidées à la COP28 vont continuer leur route jusqu’à la COP29. Bienvenu à Azerbaïdjan en 2024 !
Didier Hubert MADAFIME