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Cop sur la biodiversité : sauver les espèces et les milieux naturels

La conférence de l’ONU sur la biodiversité s’ouvre mercredi à Montréal avec un défi colossal: conclure en deux semaines un accord historique, la « dernière chance » de sauver les espèces et les milieux naturels d’une destruction irréversible.

Les délégués de plus de 190 pays se retrouvent jusqu’au 19 décembre pour adopter un nouveau cadre mondial décennal pour sauvegarder la nature et ses ressources indispensables à l’humanité.

Le temps presse: un million d’espèces sont menacées d’extinction, un tiers des terres sont gravement dégradées et les sols fertiles disparaissent, tandis que la pollution et le changement climatique accélèrent la dégradation des océans.

« L’humanité est devenue une arme d’extinction massive », a tonné mardi le secrétaire général de l’ONU, lors du lever de rideau du sommet, à cause de « notre appétit sans limite pour une croissance économique incontrôlée et inégale ».

Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU

Cette COP15, sœur jumelle, dans l’ombre, des COP sur le climat, est « notre chance d’arrêter cette orgie de destruction », a-t-il déclaré. Mais les négociations patinent depuis trois ans.

Il s’agit de concrétiser un accord d’une vingtaine d’objectifs, dont le principal vise à protéger 30% des terres et des mers. D’autres prévoient la restauration des milieux naturels, la réduction des pesticides, la lutte contre les espèces invasives, ou les conditions d’une pêche et d’une agriculture durables.

« Ultime ligne droite »

Le coût de la dégradation des écosystèmes est estimé à 3.000 milliards de dollars par an d’ici 2030, a rappelé Antonio Guterres.

Avant son discours, une dizaine de militants autochtones avaient protesté lors de celui du Premier ministre canadien Justin Trudeau, illustrant la fièvre que suscite la crise écologique dans ces communautés.

Leurs territoires abritent 80% de la biodiversité qui subsiste dans le monde. La reconnaissance, y compris financière, de leur rôle dans l’accord final est une des questions brûlantes à régler.

Pour tenter d’aboutir, trois jours de discussions préalables ont eu lieu du 3 au 5 décembre. Mais elles se sont conclues sans avancée significative – seulement cinq objectifs approuvés – alimentant une inquiétude de plus en plus vive chez les experts et les ONG.

« Ce sommet est une chance que le monde ne doit pas manquer, probablement la dernière pour les gouvernements d’inverser le cours des choses et de sauver notre précieux système de survie », a déclaré mardi Bernadette Fischler Hooper, responsable du plaidoyer au WWF.

« Nous sommes dans l’ultime ligne droite, et il est temps pour chacun de faire un pas en avant, cela devient crucial », a abondé mardi la patronne du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Inger Andersen, visiblement préoccupée.

100 milliards

Mais le sommet, présidé par la Chine et déplacé au Canada en raison de la politique zéro Covid de Pékin, se déroule sans l’appui des leaders mondiaux, pourtant venus en nombre à la COP climat de Charm-el-Cheikh en novembre. Ce sont donc les ministres de l’Environnement qui seront chargés, à partir du 15 décembre, de faire aboutir les négociations.

L’ambition affichée reste de sceller un accord aussi historique que celui de Paris pour le climat en 2015. Mais certains craignent « des stratégies éventuellement délibérées pour provoquer un scénario semblable à Copenhague », où la COP Climat avait connu un échec retentissant en 2009, note l’ONG Avaaz.

Pour éviter cela, les pays doivent s’accorder sur des objectifs mesurables et contrôlés, afin de ne pas répéter l’échec du cadre précédent, adopté en 2010 à Aichi, au Japon.

Les financements des pays riches vers les pays en développement seront aussi un point décisif. Une coalition du Sud a réclamé au moins 100 milliards de dollars par an pour la biodiversité, autant que pour le climat, et 700 milliards de dollars par an d’ici 2030.

Certains pays souhaitent mettre en place un fonds dédié à la biodiversité, une proposition à laquelle résistent les pays riches, qui préfèrent perfectionner les canaux existants, notamment les banques publiques de développement.

La question épineuse de la biopiraterie est également source de blocages: de nombreux pays exigent que les pays riches partagent enfin les bénéfices des cosmétiques et des médicaments dérivés des ressources conservées au Sud.

Africanews and AFP

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