Alors qu’octobre rose, le mois de sensibilisation au cancer du sein touche à sa fin, il est impératif de rappeler que la lutte contre cette maladie ne s’achève pas avec la fin de ce mois. Ce mois d’octobre, nous avons vu des campagnes, des événements et des actions de sensibilisation se multiplier autour du cancer du sein.
Bien qu’il soit indéniable que ces initiatives aient contribué à éduquer et à mobiliser, il convient de noter que la plupart d’entre elles se sont principalement concentrées sur les attentes imposées aux femmes. En outre, il est important de rappeler que la lutte contre le cancer du sein et des cancers gynécologiques en général va au-delà du mois d’octobre.
La prévention des cancers gynécologiques est un enjeu de santé publique, mais également un impératif féministe. Les implications du cancer du sein et ses enjeux liés au genre perdurent toute l’année, exigeant une attention continue et un engagement inébranlable.
Dans le monde, c’est le 1er cancer qui touche les femmes ; selon l’Organisation Mondiale de la Santé, en fin 2020, 7,8 millions de femmes en vie avaient reçu un diagnostic de cancer du sein au cours des cinq années précédentes (WHO, 2020).
Au Burkina Faso, un pays en développement, les femmes sont les plus touchées par le cancer en général, avec une incidence de 64,26% et une mortalité de 62,25% en 2020, justement à cause de la charge des 2 cancers dits « féminins » que sont le cancer du sein et celui du col de l’utérus (IARC, 2020).
Déconstruire les normes sociales et promouvoir l’autonomie
La prévention des cancers gynécologiques transcende les frontières des disciplines médicales pour devenir une question d’égalité des sexes et de justice sociale. Les disparités de genre dans la prévalence, le diagnostic, et le traitement des cancers gynécologiques révèlent des inégalités qui ne peuvent être ignorées.
C’est pourquoi il est essentiel que les organisations féministes, ainsi que toutes les voix sensibles à l’égalité des sexes, s’engagent de manière active dans cette lutte.
Au cœur de la prévention des cancers gynécologiques réside un besoin impérieux de déconstruire les normes sociales qui ont façonné les perceptions de la santé des femmes. Les injonctions en matière de santé gynécologique, telles que le silence, la stigmatisation, les normes de beauté irréalistes et les pressions pour la perfection, créent des obstacles à la prévention des cancers et à la prise en charge de la santé des femmes.
Les organisations féministes qui jouent un rôle inestimable dans la déconstruction de ces normes oppressives, ont la responsabilité de plaider pour une approche de la santé gynécologique basée sur le respect des choix individuels et l’autonomie des femmes. Cela implique de défendre une compréhension plus nuancée de la santé gynécologique, une qui reflète la diversité des expériences des femmes.
En rejetant ces injonctions, en remettant en question les normes sociales préjudiciables, et en promouvant l’autonomie en matière de santé gynécologique, nous pouvons créer un environnement où les femmes sont encouragées à prendre des décisions éclairées, en accord avec leurs propres besoins et préférences.
Cette démarche s’inscrit naturellement dans une perspective féministe et de santé publique, et elle est cruciale pour garantir des soins équitables et accessibles à tous.tes.
Engager tous.tes les acteurs.trices, indépendamment du sexe
La prévention des cancers gynécologiques ne doit pas être le fardeau exclusif des femmes. Les hommes ont également un rôle à jouer, non seulement en tant que partenaires solidaires, mais en tant qu’acteurs actifs dans la promotion de la santé et de l’égalité des sexes.
Les hommes engagés peuvent sensibiliser, soutenir la recherche de soins de santé, et contribuer à briser les tabous entourant les problèmes de santé gynécologique.
Éducation, sensibilisation et action
L’éducation et la sensibilisation sont des outils puissants dans la lutte contre les cancers gynécologiques. Les organisations féministes, en collaboration avec des acteurs.trices engagé.e.s de tous horizons, peuvent œuvrer pour l’accès à une information éclairée et sans stigmatisation.
De plus, des actions concrètes, telles que le financement de la recherche, des programmes de dépistage précoce et de plaidoyer en faveur d’une couverture de santé équitable, sont des étapes essentielles pour concrétiser cette vision.
La santé gynécologique et l’égalité des sexes exigent une action continue. C’est en unissant nos forces que nous pourrons faire avancer cette cause essentielle vers un avenir où chaque femme bénéficie d’un accès équitable à des soins de santé de qualité.
Dre. Kiswendsida Aïda YANGANE, MD, Msc International Public Health et Promotrice Initiative SANT’Elles BF