La Fondation Konrad Adenauer Stiftung a organisé le colloque international médias 2022 à Abidjan. Il rassemble depuis ce mercredi 17 aout 2022, journalistes, blogueurs, community managers, créateurs de contenus, jeunes politiques, autour du thème : les nouvelles formes de démocratie et la crédibilité des médias.
A cette occasion, Pancras Zountchégbé de All For Sciences Media a interviewé Paula Audrey Ndengue, experte des nouveaux médias et en communication sur le contenu de sa communication.
Paola Audrey Ndengue Bonjour ! Que peut-on retenir principalement de votre communication sur le journalisme et le blogging ?
Paola Audrey Ndengue : Nous avons évoqué qu’il faut définir le cadre du contexte dans lequel on se situe en terme de consommation et d’usage de l’actualité par le public, notamment en tenant compte des tranches d’âges et du genre aussi. Il s’est aussi agi de parler de l’influence de la politique sur les médias car cette influence est assez grande et manifeste.
Dans un deuxième temps, nous avons analysé l’approche que nous avons du traitement de l’information, les devoirs que nous avons en fonction du métier selon que nous soyons journaliste, blogueur ou autres. Nous ne sommes pas confrontés aux mêmes obligations ou aux mêmes attentes.
Il faut y être préparé, savoir gérer le retour du public, parce que le public est de plus en plus audible sur ses positions et il faut en tenir compte. Il est aussi important de réfléchir aux questions financières car elles ont une grande influence sur le traitement de l’information.
Il faut définir les modèles avec lesquels l’on est plus confortables et pouvant permettre de durer et d’avoir de la crédibilité. Le risque est que le volet financier empiète parfois sur l’éthique et l’authenticité de l’exercice du métier.
Quels sont selon vous, les leviers dont disposent les créateurs de contenus politiques pour booster la démocratie dans leurs pays respectifs ?
La première des actions est de parler. L’autocensure est encore extrêmement présente sur les questions politiques, sur le droit à la critique. Il faut exercer la création de contenu politique de manière publique, ouverte, avec de l’éthique et un traitement neutre du sujet.
Je pense qu’il faut réfléchir à d’autres sources. Je crois grandement au fait de faire appel au public. Cela demanderait certes beaucoup de sensibilisation, un temps considérable pour que les populations comprennent les enjeux autour du financement de la presse alternative et qui utilise des canaux innovants.
Il faut sensibiliser la population à un paiement. Il faut aussi remarquer qu’il y a heureusement de plus en plus d’outils technologiques qui permettent de récolter des paiements en ligne. La problématique se trouve surtout sur la culture de payer pour une information de qualité et de soutenir la diversité d’information.
Il faut qu’on dise de plus en plus ouvertement que certes, l’information est un droit, mais que l’information a un coût.
Au regard des mutations actuelles en ce qui concerne la démocratie, pensez-vous qu’il y a encore de l’espoir pour la création de contenus politiques ?
(Rire…) Je pense que plus que jamais, nous avons de l’espoir. N’oublions pas que nous sommes sur un continent qui est jeune et que paradoxalement, la majorité est exclue assez souvent du débat politique, ou alors elle est intégrée à des moments spécifiques à but électoral.
Cela implique qu’il faut aussi prendre en compte, leurs usages, leurs aspirations, comment l’on peut s’intégrer dans leur quotidien, comment l’on peut faire en sorte de lui faire percevoir la valeur ajoutée que l’on apporte. Cela renvoie à une dimension presque d’entreprise.
Une entreprise qui s’installe s’adresse à un public. La problématique n’est pas sur le besoin, mais sur comment on y répond et plus encore de manière efficace.
Que pensez-vous de ce type de colloque organisé par la Konrad Adenauer Stiftung ?
J’ai la chance d’être invitée pour la deuxième fois à ce rendez-vous et j’y réponds avec beaucoup d’intérêt. Ce sont des questions auxquelles je suis attachée et qui sont cruciales. Je ne peux qu’applaudir l’initiative. Je pense que l’on pourrait l’étendre au grand public. Il faut que nous travaillions à la perception de l’information par le public.
Paola Audrey, merci !
Propos recueillis par Pancras ZOUNTCHEGBE