Nous avons rencontré des chercheurs, des acteurs de la société dans le cadre du Forum Mondial de l’Eau 2022. Tenu à Dakar du 21 au 25 mars 2022, c’était une excellente occasion d’aborder les différentes problématiques liées à l’accès à l’eau dans le monde. Ce forum a porté sur la sécurité de l’eau pour la paix et le développement.
Dans ce premier entretien, nous avons reçu Didier ORANGE. Il est hydrologue, chercheur scientifique à l’IRD (Institut de Recherches pour le Développement) au Sénégal depuis deux ans et auprès de l’ISRA (Institut Sénégalais de Recherche Agronomique). Entretien avec Giraud Togbé.
Nous sommes au Forum Mondial de l’Eau 2022, dites-nous les défis auxquels le monde est confronté en matière d’accès à l’eau potable
C’est une très belle question qui devrait mobiliser l’ensemble de la planète des hommes politiques. Et c’est justement en cela que le forum de l’eau est important. Histoire de se rencontrer au moins une fois tous les trois ans (les politiques, les gestionnaires de l’eau, les différents acteurs qui travaillent sur l’eau et tous les métiers de l’eau) et pour discuter des problèmes liés à l’accès à l’eau.
La problématique à ce sujet c’est comment économiser l’eau ? Car, il y a plus de monde que d’eau et aussi les activités humaines demandent de plus en plus d’eau. Ce qui fait que le volume d’eau nécessaire et utile à chaque être humain ne fait que réduire et il faut dire qu’aujourd’hui en Afrique, depuis deux ans on est sous le niveau limite annoncé par les chercheurs.
C’est quoi aujourd’hui la contrainte sur l’économie de l’eau ?
La contrainte sur l’économie d’eau était la démographie et les usages qui consomment de plus en plus de l’eau. Tout ceci est impacté par le dérèglement climatique qui, surtout au Sahel va accentuer les grandes périodes de sécheresses avec des évènements de pluies très forts.
Ces derniers vont donc conduire à des inondations très rapides et le challenge c’est d’être capable de récupérer et utiliser ces pluies qui vont couler avant qu’elles aillent détruire des quartiers. Servir et faire du Dakar une ville verte, c’est mon rêve.
Comment peut-on préserver la qualité de l’eau ?
Pour préserver la qualité de l’eau, il faut tout d’abord avoir conscience que l’eau qu’on rejette doit-être évacuée dans des endroits bien particuliers et qui vont traiter cette eau.
DIDIER ORANGE CHERCHEUR SCIENTIFIQUE
Alors il y a les usines de traitement des eaux classiques et encore faut-il que ces eaux arrivent jusqu’à l’usine et puis il y a toutes les solutions fondées sur la nature qui sont représentées par ce qu’on appelle dans notre jargon les filtres plantés de végétaux.
Et ce sont des sculptures qui permettent d’emmagasiner de l’eau sale dans des graviers avec des plantes et avec une certaine biodiversité. L’eau qui sort ensuite est appelée éco potable, qui peut être utilisée pour irriguer son champ et arroser des arbres.
Que font les chercheurs aujourd’hui pour corriger le tir ?
Il y a beaucoup de choses à faire. Certains chercheurs vont travailler sur les échanges inter-états pour gérer un bassin versant ; c’est-à-dire le bassin d’un grand fleuve tout comme au Sénégal il y a le bassin du fleuve Sénégal qui est géré entre le Mali, la Guinée, le Sénégal et la Mauritanie.
L’autre chose sur laquelle vont travailler les chercheurs est l’usage. Et quand on dit usage, il y a deux choses : sa capacité à mobiliser mieux ou bien l’eau, sa technologi. Mais aussi mieux considérer la nature (en regardant comment la nature peut nous rendre service et nous permettre d’économiser de l’eau.
En quoi ce forum mondial de l’eau pourrait être une réponse efficace aux défis que nous venons d’énumérer ?
Le chercheur, en venant ici, espère rencontrer des bailleurs de fond, des ONG, des entreprises et des associations qui vont l’écouter et lui proposer un partenariat pour mieux utiliser l’eau, pour mieux la récupérer et mieux l’économiser.
Propos recueillis par Giraud Togbé
Transcription Ricardo Domingo