La prochaine grande messe se tiendra en Egypte en novembre 2022. Le cycle des conférences sur le climat va donc se poursuivre. Et en toute logique. D’autant plus que des engagements pris par des Etats, ne sont pas à la hauteur des urgences. Dans le Pacifique, des milliers d’insulaires sont contraints à l’exil sur la terre ferme, à cause de la montée des eaux océaniques.
C’est d’ailleurs, le Ministre des Affaires étrangères, des îles Tuvalu, Simon Kofe, tiré à quatre épingles, qui a prononcé un discours, les pieds trempés, devant un pupitre planté au bord de l’océan pacifique qui a marqué les esprits et a alerté la communauté internationale sur la disparition programmée des îles et des Etats insulaires. « Le changement climatique et la hausse du niveau des mers sont des menaces mortelles pour des îles comme Tuvalu et les pays insulaires à basse altitude. Nous coulons…et les autres aussi », a averti Simon Kofe.
Ce n’est pas tout ! L’allocution du Ministre de l’environnement du Madagascar appuie l’urgence d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Son pays est plongé dans la première famine due aux effets du dérèglement des paramètres climatiques. « La désertification, la température de 45° C tout au long de l’année, le manque d’eau, les femmes qui font maintenant 20 Km pour aller chercher un bidon d’eau, çà c’est des réalités.
Depuis une dizaine d’années, cette famine est là régulièrement », a rapporté le Ministre Malgache de l’environnement et du Développement durable, Baomiavotse Vahinala Raharinnirina, lors d’un entretien accordé à l’AFP.
A Glasgow, on a réussi à éveiller davantage des consciences que le réchauffement de la planète n’est pas une projection encore moins une fiction. D’ailleurs, la Cop 26 a été amplifiée par des marches des jeunes venus de plusieurs pays de différents continents avec la présence remarquée de l’activiste, Greta Thunberg.
Cette mobilisation de masse a produit des effets en poussant des grandes puissances à agir au nom de l’intérêt général : celui de sauver la planète. Sans être exhaustif, Glasgow n’est pas une Cop de plus. Au juste, le financement des activités de restauration, d’adaptation et d’atténuation, dans les pays en développement ou des pays les moins avancés a été remis sur la table.
Sur ce point que retenir depuis l’accord de Paris ? Combien de pays ont bénéficié de l’enveloppe de 100 milliards de dollars promis par des pays pollueurs ? « Il faut mettre l’argent sur la table pour aider les pays en développement à faire les changements nécessaires. (…) C’est ce qui doit se passer dans les heures qui vienne », a insisté Boris Johnson sur la BBC, vendredi, après-midi, à deux jours de la fin de la Cop 26. Cet appel de Boris Johnson est symptomatique de la faible mobilisation des ressources financières et leur transfert vers des pays les moins avancées pour soutenir les efforts d’atténuation et d’adaptation.
Glasgow sauve Paris
Faudrait-il aussi le relever, la COP 26 a eu le mérite de faire le point sur le respect des engagements de Paris et d’enclencher une nouvelle dynamique dans une perspective de concrétiser les objectifs fixés dans la capitale française en 2015. Aujourd’hui, des pays sont sur la voie de l’économie décarbonée, avec des voitures électriques, le bond de l’utilisation des énergies propres… Depuis, beaucoup de laboratoires sont dans une course pour la maîtrise des technologies de l’hydrogène, l’énergie du futur. A Glasgow, il a été écrit noir sur blanc, qu’il faut réduire la dépendance de l’énergie fossile. Glasgow a donc sauvé Paris.
Tout compte fait, le chemin à parcourir est encore long. Il reste du travail à faire pour amener les pays riches et les plus avancés aux intérêts et priorités divergents à s’accorder sur l’urgence de maintenir les émissions en deçà de 1, 5° Celsius. Tous les signaux prédisent que le seuil sera dépassé si les pays riches ne consentent pas efforts supplémentaires en termes de réduction de leurs émissions. Cette messe qui a regroupé plus de 30.000 personnes a également permis de parachever les règles de l’application de l’Accord de Paris, sans oublier de dénoncer les effets néfastes de l’utilisation des énergies fossiles. « Des pas concrets ont été franchis pour la suite, et des étapes très claires pour nous mettre sur les rails conduisant aux objectifs de Paris », s’est contenté de déclarer Alok Sharma, Président de la Cop 26. A la vérité, beaucoup de pays et institutions ont pris des engagements de ne pas financer des projets d’énergies fossiles comme l’exploitation du charbon.
D’ailleurs, les limites du sommet, c’est la « réduction progressive de l’utilisation du charbon » souhaitée par la Chine et l’Inde et en lieu et place de son « élimination progressive du charbon et des subventions inefficaces aux combustibles fossiles ». L’achoppement sur l’élimination du charbon a été la tache noire de cette messe. Espérons qu’au Caire, un autre pas sera franchi en direction de l’utilisation de l’énergie propre.
Idrissa SANE /Journaliste & Spécialiste des questions environnementales