ENTRETIEN ENVIRONNEMENT

Sécou Sarr, directeur Enda – Energie : « l’action du changement climatique n’est pas uniquement l’affaire des Etats »

Dans le contexte de l’ère post-2020, les acteurs non étatiques (ANE) sont préoccupés par la dynamique complexe des négociations et les divergences géopolitiques. Les implications pratiques de ces points de négociations de l’action climatique méritent d’être plus connues et mieux appréhendées. Ceci, pour mieux contribuer à la lutte contre les changements climatiques à l’échelle de leurs zones et champs d’intervention. 

A cet effet, l’ONG Enda Energie a initié un atelier sur les enjeux clés et impacts potentiels de la CoP26. Cette initiative vient anticiper sur la tenue de la COP 26 du 30 octobre au 12 novembre 2021 à Glasgow et vise à échanger sur des informations factuelles sur les enjeux clés de la CoP26 et d’échanger sur les implications actuelles et potentielles des enjeux discutés sur leur champs d’intervention.  Entretien avec le directeur d’Enda Énergie, Sécou Sarr.

Quels sont aujourd’hui les préoccupations de la société civile et des acteurs de cette COP26 ?

Comme vous le savez, la conférence des parties qu’on appelle COP, se tient chaque année et c’est l’affaire des négociateurs. C’est l’état qui les désigne. Par rapport à la conférence des parties qui va se tenir dans une semaine, c’est à dire du 30 Octobre au 12 novembre à Glasgow dans quelques jours.

Cela va commencer et on a constaté que c’était utile de réunir les acteurs de la société civile mais plus globalement les acteurs non étatiques pour non seulement les sensibiliser par rapport aux enjeux clés.  Parmi ces enjeux-là, on a la question de la finance climatique parce qu’actuellement on sait qu’il y a urgence d’agir pour lutter contre les changements climatiques mais également pour lutter aussi pour contester ces impacts.

C’est l’aspect assez important parce qu’il y a urgence et justement de financer et de faire des investissements sur l’ensemble des transactions qui sont nécessaires pour permettre justement au pays, aux communautés de pouvoir s’adapter aux questions des changements climatiques.

Le transfert de technologies climatiques, n’est-ce pas un autre enjeu de cette COP ?

L’autre aspect important en termes d’enjeu, c’est justement tout ce qui est en rapport avec les transferts des technologies climatiques y compris les technologies endogènes parce que, partout on parle de changement climatique, il y a la problématique des technologies. Mais on se dit qu’en étant acteurs non étatiques, c’est toujours utile aussi de mettre en avant les technologies endogènes, les savoirs faire locales, les savoirs faire des communautés pour justement faire face aux questions liées au changement climatique.

Le dernier enjeu est lié à ce qu’on appelle aujourd’hui les pertes et dommages. Au-delà de l’incapacité de faire de l’adaptation, comment on pourrait prendre en charge les questions liées à ces pertes et dommage par rapport à aujourd’hui quand on sait qu’il y a énormément de risques et de catastrophes qui se présente de manière récurrente avec des amplitudes beaucoup plus importante. On considère qu’en tant qu’acteur non étatique que ceci serait utile à l’ordre du jour des négociations pour permettre aux gens qui subissent ces préjudices de pouvoir être compensé. Donc c’est une question qui est à l’ordre du jour.

En définitive par rapport à cet atelier, l’idée c’était d’aider les acteurs non étatiques à comprendre les contenus de ces différents enjeux qui vont faire l’objet de négociations et en même temps voir aussi quels types d’implication cela pourrait avoir dans leur vécu du quotidien.  En plus, profiter de cette espace de concertation des acteurs non étatiques pour voir par rapport à leur préoccupation comment bâtir des papiers de position qu’on pourrait partager à la COP et permettre une prise efficace et effective des préoccupations des collectivités territoriales mais aussi des acteurs non étatiques de manière beaucoup plus globale.

Des rencontres internationales au profit du climat on en dénombre assez, arrive-t-on à mesurer leurs impacts ?

C’est bon de se poser ces questions-là mais en tant qu’acteur de la société civile, ce qui nous intéresse c’est de voir comment les choses évoluent parce que c’est une question qui est assez globale. C’est une question qui concerne l’ensemble des pays du monde en développement comme les pays développés. Donc il y a nécessairement des consensus qu’il faut rechercher.

C’est une question maintenant de géopolitique. C’est des consensus qu’il faut rechercher par les questions des changements climatiques car, pour la plupart des actions climatiques, on considère que les pays africains sont les plus affectés par les impacts des changements climatiques alors que ces pays n’ont pas beaucoup contribués aux émissions de gaz à effet de serre donc n’ont pas beaucoup contribué aux perturbations climatiques et c’est eux qui souffrent le plus.

Aujourd’hui même si on considère que les choses avancent très bien, les concepts arrivent à chaque jour mais au moins un avantage est certain, c’est qu’avec cette Cop, il y a une prise de conscience globale que l’action du changement climatique n’est pas uniquement l’affaire des Etats. C’est l’affaire aussi de tous et c’est pour cela on s’est donné cette mission de préparer les organisateurs de la société civile de préparer les acteurs non étatiques de manière globale à comprendre les enjeux et à pouvoir aussi anticiper sur l’évolution des choses. Mieux, pouvoir d’avantage se positionner par rapport justement aux opportunités offertes par les changements climatiques.

Quels messages vous lancez aux gouvernants, aux négociateurs qui représentent l’Afrique à cette COP ?

Le Groupement Intergouvernemental sur l’évolution du climat GIEC, vient de sortir un rapport qui est très alarmant dans le sens que dans les années à venir les impacts des changements climatiques vont d’avantage affecter les communautés parce qu’on sait que les changements climatiques quand on prend les différentes transitions, on se rend compte que les changements ont une ampleur qui affecte les différents secteurs.

Le message qu’on lance c’est l’urgence d’agir. Il faut lancer des actions climatiques mais au niveau des Etats, essayer d’accélérer la mise en œuvre de la politique climatique des pays comme le Sénégal, ce qu’on appelle la contribution déterminée au niveau national. Celle dernière devrait permettre justement au pays de répondre à des exigences de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en même temps renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes. Et c’est ça qu’on considère pour se mettre une perspective de développement sobre en carbone mais aussi résilient aux questions de changement climatique.

Propos recueillis par Giraud Togbé

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