Lancé lors du Salon international de l’agriculture et des ressources d’Abidjan (SARA) le 24 mai 2025, le réseau Sol AfricaO rassemble chercheurs, décideurs et acteurs du développement pour relever un défi crucial : préserver la santé des sols agricoles en Afrique de l’Ouest face aux enjeux de sécurité alimentaire et de changement climatique.
Face à la dégradation accélérée des sols en Afrique de l’Ouest, une réponse scientifique ambitieuse vient de voir le jour. Baptisé Sol AfricaO, ce réseau de recherche a été officiellement lancé à Abidjan, lors du Salon international de l’agriculture et des ressources animales (SARA). Son objectif : mutualiser les compétences, les outils et les données pour mieux comprendre et protéger les sols agricoles de la région.
Fruit d’un partenariat entre institutions africaines et françaises, Sol AfricaO est soutenu par trois organismes majeurs de la recherche agronomique : l’INRAE, le Cirad et l’IRD, via l’initiative TSARA. Il réunit déjà 14 partenaires fondateurs issus du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et de la France, et reste ouvert à d’autres contributions scientifiques de la région.
Un levier scientifique pour une transition agroécologique
Les sols d’Afrique de l’Ouest subissent des menaces multiples : salinisation, acidification, perte de matière organique, contamination. Pourtant, ils demeurent essentiels à la sécurité alimentaire, notamment pour la production végétale, encore majoritaire dans la région. Sol AfricaO se positionne comme un outil stratégique pour répondre à ces enjeux et accompagner la transition agroécologique.
Le réseau entend améliorer les connaissances sur les sols tropicaux, en établissant un état des lieux cartographié de leur santé, en promouvant des pratiques agricoles durables et en renforçant les capacités nationales de recherche. Il souhaite également appuyer les politiques publiques en valorisant les savoirs locaux et les innovations paysannes. Cinq grandes thématiques structurent les travaux du réseau :
- Gestion de la fertilité des sols,
- Utilisation des ressources organiques du local au territorial,
- Protection et restauration des sols,
- Diversification des cultures et impact sur la santé des sols,
- Lien entre la santé des sols et celle des plantes.
Une dynamique collaborative et ouverte
Sol AfricaO s’inscrit dans une logique de science ouverte et participative. Il s’appuie sur les acquis du programme FiSeLAE (Fonctionnement des Infrastructures et Services Écosystémiques des Sols en Afrique de l’Ouest) et de plateformes collaboratives comme La Fabrique des sols vivants. L’ambition est de faire du sol un bien commun scientifique et stratégique, au cœur des transitions rurales.
Des outils numériques de cartographie, des bases de données accessibles, des formations croisées et des publications co-signées sont au programme. Cette approche vise à favoriser les échanges de connaissances, à former une nouvelle génération de chercheurs, et à créer des ponts entre science, politique et terrain.
Une réponse à l’urgence climatique et alimentaire
Alors que les systèmes agricoles ouest-africains sont fortement exposés aux effets du changement climatique, la préservation des sols devient une condition de résilience. Le lancement de Sol AfricaO intervient dans un contexte d’urgences multiples : démographique, alimentaire, climatique et environnementale.
À travers une gouvernance partagée et une approche interdisciplinaire, ce réseau entend soutenir des trajectoires de développement plus durables, à la croisée de l’agronomie, de l’écologie, de la sociologie et de l’économie rurale. Il constitue une opportunité majeure pour faire émerger des solutions locales et collectives, à partir des réalités des territoires.
Avec Sol AfricaO, les pays d’Afrique de l’Ouest affirment leur volonté de reprendre la main sur la connaissance et la gestion de leurs sols, en s’appuyant sur la coopération scientifique Sud-Sud et Nord-Sud. Une dynamique prometteuse pour garantir une agriculture saine, productive et respectueuse de l’environnement.