Dans un contexte de préoccupations croissantes pour la sécurité alimentaire en Afrique, un rapport de l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) souligne les défis liés aux pertes post-récoltes dans la région de Podor, au Sénégal. L’étude révèle que ces pertes ont atteint plus de 5,6 milliards de FCFA pour les cultures majeure en 2022.
L’étude intitulée « Etude sur les pertes post-récoltes et les besoins en infrastructures de stockage et de conservation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques de la commune de Fanaye et du reste du département de Podor » publiée en juillet 2024 met en lumière un défi majeur pour les producteurs de Podor. En 2022, les pertes post-récoltes ont été estimées à plus de 5,6 milliards de FCFA, soulignant l’urgence d’agir.
Ces pertes, qui affectent des cultures comme le riz, l’oignon, le gombo, ainsi que des produits de l’élevage comme le lait et le poisson, sont identifiées comme une des causes de la baisse des revenus des acteurs agro-sylvo-pastoraux et halieutiques.
La volatilité des prix sur le marché, combinée à l’absence d’infrastructures de stockage adéquates, exacerbe la situation. Les producteurs peinent à conserver leurs récoltes, ce qui les pousse à vendre leurs produits à des prix dérisoires, entraînant ainsi une perte de revenus significative. « Cette volatilité des prix est aussi préjudiciable aux producteurs qui peinent à stocker et conserver leurs productions faute de marché et d’infrastructures adaptées », déplore le rapport.
Besoins en infrastructures de stockage et de conservation
L’étude a révélé que les besoins en infrastructures de stockage et de conservation (ISC) sont pressants dans la commune de Fanaye et les communes environnantes. Les acteurs du secteur ont exprimé le besoin de disposer d’infrastructures adaptées pour le stockage de divers produits.
« Les producteurs ont exprimé le besoin de disposer des infrastructures de stockage et de conservation des produits du terroir sans toutefois pouvoir les spécifier et les quantifier », indique le rapport. Les types d’infrastructures nécessaires incluent les chambres froides (pour les fruits, légumes, viande et poisson), les tanks solaires (spécifiquement pour le lait), les magasins de stockage (pour le riz, l’oignon, et d’autres produits) et les stations de conditionnement (pour des produits comme la banane).
Le rapport souligne que les infrastructures existantes sont souvent inadaptées aux besoins des producteurs. Les ICS existantes dans la zone sont décriées pour leur inadéquation aux besoins des acteurs. Cela crée un cercle vicieux où l’absence d’infrastructures adéquates entraîne des pertes, ce qui à son tour décourage les investissements dans le secteur.
Face à cette situation critique, des initiatives ont été mises en place pour améliorer les infrastructures de stockage. Les autorités locales, notamment les collectivités territoriales, ont commencé à développer des projets pour répondre à ces besoins. Un exemple notable est le projet de Partenariat Public-Privé (PPP) pour la mise en place d’une chambre froide à Fanaye, soutenu par l’IPAR et le projet Feed the Future Sénégal.
Le rapport recommande également d’adopter une approche globale qui prend en compte toutes les spéculations agricoles. « Il a été retenu de mener cette étude qui prend en compte les besoins de la commune de Fanaye et des communes environnantes en termes de chambres froides et autres infrastructures de stockage », mentionne-t-il. Cela permettra de ratisser large et d’adresser la contrainte d’absence d’infrastructures adaptées.
Promouvoir un dialogue Public-Privé
Le rapport appelle à diversifier la production agricole et à promouvoir la transformation des produits, notant que le taux de transformation des produits ASPH dans le département de Podor est de seulement 10% et environ 14% au niveau national. Outre cela, le rapport recommande de sensibiliser les agriculteurs et les coopératives agricoles sur les avantages de l’assurance stockage proposée par la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal (CNAAS).
Pour mettre en œuvre ces recommandations, le rapport appelle à organiser un dialogue Public-Privé (DPP) structuré. « Une consultation entre les décideurs privés et publics est essentielle pour trouver des solutions aux goulots d’étranglement », suggère le rapport. Une fois les infrastructures mises en place, il est également crucial d’établir un système de suivi et d’évaluation pour mesurer leur efficacité et leur impact.
Un appel à l’action
Le rapport de l’IPAR constitue un appel urgent à l’action pour les décideurs, les investisseurs et les acteurs du secteur agricole.
En investissant dans des infrastructures de stockage et de conservation, le Sénégal peut non seulement réduire les pertes post-récoltes, mais aussi renforcer la sécurité alimentaire et améliorer les conditions de vie des producteurs locaux. « Nous avons le potentiel de transformer notre agriculture, mais cela nécessite des investissements et une volonté politique forte », conclut le rapport.
Dô DAO