Dans la journée du 24 mai 2025, 14 partenaires scientifiques de l’Afrique de l’ouest, ont annoncé la création d’un réseau de recherche scientifique appelé Sol AfricaO. Objectif : comprendre et protéger les sols ouest africains face aux défis du changement climatique.
Le secteur agricole en Afrique de l’ouest, s’épuise en silence entre salinisation, perte de carbone organique ou encore de contamination. Avec plus de 400 millions d’habitants, la région est confrontée à d’importants défis en matière de productivité agricole et de sécurité alimentaire.
Une situation aux conséquences économiques négatives pour la région, comme le montrent ces quelques données : Plus de 80 % des terres agricoles africaines sont dégradées, en raison de contraintes biophysiques ou chimiques qui limitent la production alimentaire.
La dégradation des sols affecte les moyens de subsistance de millions de personnes et coûte chaque année à la région des milliards de dollars en importations alimentaires. L’Afrique subsaharienne perd l’équivalent de 4 milliards de dollars en nutriments pour les sols chaque année.
Une urgence environnementale silencieuse
Ensuite, l’agriculture génère plus de 30 % du PIB d’Afrique de l’Ouest et plus de 55 % de la population régionale vit en zone rurale, selon la Banque Mondiale. Avec de telles caractéristiques, la santé et la fertilité des sols jouent un rôle critique pour la région. Face à ces urgences, le réseau Sol AfricaO, entend sécuriser une production alimentaire d’origine végétale, suffisante en qualité et en quantité.
Cette initiative de partenaires africains et internationaux, affirme dans son communiqué : « ce réseau vise à renforcer la recherche scientifique sur les sols, dans une logique de partage des moyens, des compétences et de données et de co-construction de solutions durables de gestion des agroécosystèmes ouest-africains ».
Soutenu par des institutions de recherche majeures comme le Cirad, l’INRAE et l’IRD, le réseau Sol AfricaO réunit chercheurs, enseignants-chercheurs et d’institutions nationales de recherche, se veut inclusive dans la sous-région ouest africain. Ce réseau, mobilisé autour de la transition agroécologique et de la résilience climatique, rassemble plusieurs pays et de scientifiques du Sénégal, de la Côte d’ivoire, du Benin, du Burkina Faso et de la France.
Aussi, Sol AfricaO veut sortir les sols de l’oubli, non pas par de simples discours, mais par la recherche appliquée, la collaboration et la mise en réseau des expertises. Il cite cinq axes majeurs qui va guider les travaux du réseau : la gestion de la fertilité, la valorisation des ressources organiques locales, la restauration des terres dégradées, la diversité des cultures comme levier d’équilibre et le lien entre santé des sols et santé des plantes.
Une science ouverte tournée vers les solutions
Le réseau va s’appuyer sur les acquis de projets antérieurs, notamment le programme FiSeLAE (Fonctionnement des Infrastructures et Services Écosystémiques des Sols en Afrique de l’Ouest) et des plateformes collaboratives comme La Fabrique des sols vivants. Il vise à produire des outils concrets : cartographies, bases de données accessibles, formations croisées et des publications scientifiques co-signées.
Il valorise les échanges entre scientifiques et agriculteurs, propose des formations pour les jeunes chercheurs africains, et souhaite influencer les politiques publiques sur la gestion durable des terres agricoles.
« Faire du sol un bien commun scientifique et stratégique », tel est le mot d’ordre noté dans le communiqué par ses membres fondateurs, réunis au sein de 14 institutions partenaires, de Dakar à Abomey-Calavi, en passant par Ouagadougou et Abidjan.
Une initiative pour l’avenir de l’agriculture ouest-africaine
En Afrique de l’Ouest, où l’agriculture reste le principal moteur économique et la première source d’emploi, l’avenir passe par une meilleure compréhension et gestion des sols. Avec Sol AfricaO, les pays de la région affirment leur volonté de bâtir une recherche intégrée, orientée vers des solutions locales et durables.
À l’heure où les sols s’épuisent, ce projet pourrait bien redonner racine à une agroécologie africaine ambitieuse, connectée aux réalités des paysans et fondée sur des savoirs partagés. Une réponse concrète aux défis de souveraineté alimentaire et de changement climatique qui secouent déjà les territoires ruraux.