Les autorités sanitaires sénégalaises ont annoncé, ce 1er septembre, la guérison complète du patient diagnostiqué positif au Mpox le 22 août dernier.
Dans un communiqué, le ministère de la Santé et de l’action sociale (MSAS) indique que « ce dernier a été déclaré guéri et est sorti de l’hôpital ce lundi 1er septembre 2025 ».
Le patient, un ressortissant étranger entré au Sénégal le 19 août, selon un premier communiqué publié par le MSAS le 23 août, présentait des signes évocateurs de la maladie.
“Le Sénégal est un pays qui possède une solide expérience en matière de surveillance, reposant sur le réseau de “stratégies de surveillance sentinelle syndromique” (réseau 4S)”
Yap Boum, CDC Afrique
Il avait été placé en isolement au Service des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann-Dakar, après que le prélèvement effectué sur ce dernier s’est révélé positif au Mpox.
« Les 30 personnes identifiées comme contacts font l’objet d’un suivi rigoureux par les équipes sanitaires, sans qu’aucun cas suspect n’ait été signalé à ce jour », renseigne le MSAS.
Trois jours avant cette nouvelle mise au point, Papa Samba Dieye, directeur du Centre des opérations d’urgences sanitaires (COUS), contacté par SciDev.Net, assurait que « toutes les personnes-contacts sont asymptomatiques à 10 jours de suivi (à la date du 29 août, NDLR) ».
Les autorités sanitaires sénégalaises se félicitent de cette prise en charge efficace du patient atteint de la Mpox qui « illustre la réactivité et la compétence du système de surveillance épidémiologique, ainsi que le professionnalisme des équipes médicales… ».
Selon le directeur du COUS, d’autres mesures telles que « la communication pour améliorer la prévention, le renforcement de la surveillance et le renforcement des capacités des agents de santé » sont prises pour prévenir toute propagation de la maladie dans le pays.
Interrogé le 28 août sur ce premier cas de Mpox au Sénégal, lors de la conférence de presse hebdomadaire sur la situation de l’épidémie en Afrique, Yap Boum, responsable adjoint de l’équipe chargée du système de gestion des incidents (IMST) à CDC Afrique, a rappelé que « le Sénégal est un pays qui possède une solide expérience en matière de surveillance, reposant sur le réseau de “stratégies de surveillance sentinelle syndromique” (réseau 4S) ».
Ce réseau, axé sur la collecte de données cliniques sur des maladies spécifiques à partir de sites sentinelles (centres de santé), vise à améliorer la détection précoce et la réponse efficace aux épidémies.
Baisse des nouveaux cas confirmés
Depuis le début de l’année 2024, 28 pays africains ont été touchés par la Mpox, avec plus de 183 000 cas suspects et 50 500 cas confirmés enregistrés. Plus de 1 950 décès ont été recensés parmi les cas suspects et 249 décès parmi les cas confirmés.
L’expansion rapide du Mpox sur le continent a poussé CDC Afrique et l’OMS à déclarer, les 13 et 14 août 2024, que cette épidémie constituait respectivement une urgence de santé continentale et une urgence de santé publique de portée internationale.
Un an après cette déclaration, qui visait à renforcer la réponse collective et coordonnée face à l’épidémie, une vingtaine de pays sont activement en transmission. Cependant, la tendance globale au niveau continental est à la baisse des nouveaux cas confirmés.
« Globalement, la situation de la Mpox sur le continent aujourd’hui, nous avons ce qu’on appelle une réduction significative dans certains pays qui rapportaient le plus de cas », déclare Mory Keita, responsable de la riposte continentale et régionale à la Mpox à l’OMS Afrique, lors d’une conférence de presse en ligne organisée le 14 août dernier.
En RDC, pays le plus touché par la maladie (près de 30 000 cas confirmés-121 décès), « on a une réduction significative des nouveaux cas confirmés, mais on n’est vraiment pas encore rassurés de cette baisse, et on est en train de suivre de près pour voir s’il s’agit d’une vraie baisse ou bien si ce n’est pas lié à un sous-rapportage », indique l’expert de l’OMS.
En Sierra Leone également, nous notons une baisse significative, et récemment au Togo et au Malawi. En même temps, la Côte d’Ivoire, l’Angola, le Gabon, l’Île-Maurice et le Zimbabwe sont dans la phase de contrôle de l’épidémie.
En revanche, des pays comme la Guinée, le Libéria, la Zambie ou encore le Mozambique enregistrent « une augmentation de cas, ce qui est un tout petit peu inquiétant, mais le nombre de cas dans ces pays n’étant pas très élevé, ça n’impacte pas sur la tendance globale au niveau continental », nuance Mory Keita.
Doses fractionnelles
Plusieurs moyens, parmi lesquels, la surveillance épidémiologique, le rapportage des cas, les tests de laboratoire, mais aussi la prévention, le contrôle d’infection au niveau communautaire et la vaccination, ont été adoptés comme réponse à l’épidémie.
En ce qui concerne la vaccination, plus de 3 170 000 doses de vaccins ont été livrées. Douze (12) pays ont reçu des vaccins MVA-BN, neuf (RDC, Sierra Leone, Ouganda, Angola, Liberia, Rwanda, Nigeria, Guinée, Côte d’Ivoire) procèdent actuellement à la vaccination. Plus de 952 000 doses de MVA-BN ont été administrées (au 14 août 2025).
« Plus de 887 000 personnes ont reçu au moins une dose. La RDC représente 69 % des personnes vaccinées. Les enfants âgés de 1 à 17 ans représentent 19 % du total des personnes vaccinées », détaille Sheillah Nsasiirwe, responsable des urgences sanitaires – Vaccination à l’OMS Afrique.
Cette experte ajoute que « seuls trois pays ont une autorisation d’utilisation d’urgence (EUA) qui permet la vaccination des enfants, à savoir la RDC à partir d’un an, l’Ouganda et la Sierra Leone à partir de 12 ans ».
L’accès aux vaccins demeure cependant un défi majeur dans la riposte contre l’épidémie. Un peu plus de trois millions de doses ont été livrées sur plus de six millions de doses escomptées.
« Compte tenu du fait qu’il n’y a pas assez de vaccins, nous sommes aussi en train d’innover, de penser à des doses fractionnelles. Les doses fractionnelles, c’est, par exemple, à partir d’une seule dose qui était peut-être dédiée à une personne, de voir comment on peut vacciner cinq personnes avec cette même dose », explique Mory Keita.
Mais, précise l’expert de l’OMS, c’est le mode d’administration qui va changer. « Par exemple, si c’était une dose en sous-cutané, on va changer pour aller à une dose en injection intradermique », explique-t-il.
A l’en croire des études sont en cours pour démontrer aujourd’hui qu’une dose qui était utilisée en sous-cutané peut être utilisée sur cinq personnes en dose fractionnée avec la même efficacité.
Cette situation montre qu’il « faudrait que les pays eux-mêmes investissent et qu’il y ait une mobilisation des ressources domestiques… C’est une épidémie comme d’autres épidémies auxquelles le continent africain a été confronté et elle peut d’ailleurs facilement et rapidement être surmontée avec plus d’engagement, plus de soutien et plus de collaboration », insiste Mory Keita.
Pour lui, les pays africains doivent s’assurer qu’ils mobilisent eux-mêmes des ressources pour faire face, pas seulement au Mpox, mais à toutes les urgences de santé publique qui affectent les populations.