En zone aride la majeure partie des semences se retrouvent à la surface du sol. C’est à ce niveau que les températures les plus élevées s’observent lors du passage des feux. Des températures de l’ordre de 800°C 200°C ont été enregistrées de la surface du sol a 2 mètres au-dessus du sol. Les semences contenues dans la litière ainsi que les plantules peuvent être ainsi détruites par les feux freinant la régénération sexuée de certaines espèces.
Skoglund trouve que la relative pauvreté de la banque de semences du sol dans les savanes arides est fortement liée au risque de destruction de ces semences par les feux. Néanmoins, le feu peut déclencher la germination des graines de certaines espèces comme Dicrostachys cinerea et la floraison de d’autres tel que Cochlospermun tinctorium. De même, la fumée est reconnue comme améliorant la germination des semences de certaines espèces telle que Borreria scabra. Il en est de même de la chaleur produite lors de la combustion qui favoriserait la levée de la dormance des semences de certaines espèces telle que Burkea africana.
Conséquences des feux fréquents et intenses
Le feu, en règle générale, ne tue pas les arbres et les arbustes. C’est pourquoi, une végétation soumise à des feux fréquents et intenses tendra à être buissonnante avec des individus multicaules de taille relativement réduite. Par contre, l’influence nocive des feux récurrents est indéniable en ce qui concerne les jeunes brins de semis et les plantules de nombreuses espèces de la savane.
En effet, la majeure partie des espèces de savane sont pyro-tolérantes eu égard à leur longue évolution avec le feu si bien que la proportion tuée par le feu est très faible. La faible conductivité du sol fait que la température du feu en dessous de la surface du sol n’atteint pas 60 °C considérée comme température létale pour les tissus végétaux.
Les racines des ligneux y sont ainsi préservées. Le feu favorise ainsi le développement des espèces dotées de capacités de régénération végétative par drageonnage et rejet de souche. En savane soudanienne, Detarium microcarpum constitue l’exemple classique des espèces à régénération par drageonnage et qui est maintenue à l’état buissonnant par les feux récurrents.
Des dispositifs de recherche pour l’étude à long terme de l’influence de facteurs anthropiques, notamment celui du feu précoce, sur la dynamique de la végétation ont été installés dans les forêts classées de Laba et de Tiogo dans la zone de transition entre le nord et le sud soudanien du Burkina Faso depuis 1992.
Résultats des recherches sur la protection contre le feu
Les résultats de ces études ont montré que la protection contre le feu pendant une décennie a permis de doubler et de tripler le nombre d’espèce de juvéniles ligneuses respectivement à Laba et à Tiogo. Néanmoins, l’enrichissement de la classe des juvéniles s’est fait par recrutement à partir des classes inférieures (semis et plantules) plutôt que par apport de nouvelles espèces. Les espèces les plus sensibles au feu précoce sont Detarium microcarpum, Annona senegalensis et Anogeissus leiocarpus avec une forte réduction de la population des juvéniles en 10 ans d’application de feu précoce.
Par contre la population des juvéniles de Entada africana est plus importante dans la zone brulée que dans celle protégée du feu. Le feu précoce appliqué annuellement sur le long terme a induit une mortalité plus élevée des rejets de souche de Crossopteryx fébrifuge et de Combretum fragrans á Laba. Chez les herbacées, le feu induit des repousses au niveau de certaines graminées vivaces telles que /Andropogon gayanus, A. ascinodis et Diheteropo-gont amplectens. Cependant, la production de repousses dépend de la nature et du taux d’humidité du sol au moment du brulis.
Ces repousses, recherchées par les herbivores, sont nutritionnellement plus riches que les pailles. Néanmoins, les feux fréquents provoquent la disparition de ces espèces vivaces par épuisement des réserves et leur remplacement par des annuelles.
En effet, semences de certaines espèces comme Loudetia togoensis sont munies de mécanismes qui leur permettent de s’enterrer et d’échapper ainsi à la grande chaleur lors du passage des feux. Ces espèces sont alors plus compétitives dans les savanes qui brûlent fréquemment. En zone plus humide, dans la savane guinéenne du Ghana, la protection contre le feu et le pâturage pendant une trentaine d’années (1957 – 1989) d’une parcelle de savane contigüe à une formation forestière a permis une bonne régénération d’espèces forestières et savanicoles importantes telles que Milicia excelsa , Antiaris toxicaria, Caba pentandra, Albizia ferruginea, Lonchocar, pus scriccus et de l’espèce exotique Azadirachta indica.
L’influence du feu sur la végétation et effet indirect sur de la faune
La végétation constitue l’habitat et l’alimentation de la faune. Ainsi, l’influence du feu sur la végétation a un effet indirect sur celui de la faune. La diversité biologique de la grande faune est fonction du degré d’abondance et de la qualité nutritive des plantes. C’est ainsi que Klop et Prins affirment que dans les savanes ouest africaines, les feux, en influant sur la quantité et la qualité de la strate herbacée, ont un rôle plus prépondérant que les facteurs climatiques quant à la diversité des herbivores.
La quasi-totalité des pays de l’Afrique de l’Ouest ont opté pour la pratique des feux précoces comme outils d’aménagement des savanes soudaniennes et guinéennes. En effet, les feux précoces, en maintenant un certain équilibre entre les strates ligneuses et herbacées, permettent une utilisation multiple des ressources des formations naturelles.
Extrait de l’Atlas de la biodiversité, tome 1