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Finance climatique : beaucoup trop de rendez-vous manqués -Tribune

Les pertes et dommages liés au réchauffement climatique seront désormais financés au profit  des Etats les plus vulnérables au réchauffement climatique. La COP28 dont les travaux ont démarré à Dubaï  a entériné la création de ce fonds pour le financement des dégâts occasionnés par les changements climatiques. Un premier pas pour la reconnaissance des droits des victimes de ce fléau.

Mais, ça risque de ne pas être simple.  Quand il est question d’argent pour financer le climat, c’est toujours au forceps. 

C’est un jeu favori des pays pollueurs de la planète, donner l’impression de donner et se comporter, juste après, comme les lépreux, c’est, ce à quoi ils ont habitués les PMA, les pays les Moins Avancés et tous les acteurs du climat, depuis toujours. (Nulle intention de stigmatiser qui que ce soit, la comparaison est fortuite).

En 2009, c’est déjà le cas. Pour atténuer le choc provoqué par l’échec de la COP15 à Copenhague, les pollueurs ont inventé une caisse, dans laquelle 100 milliards de dollars étaient censés y être déposés, chaque année, à partir de 2020 pour aider les pays vulnérables au réchauffement climatique à faire face à leur destin. 2022 est la seule année ou les pays développés ont respecté leur promesse.

Pour les autres années, il manque encore quelques milliers de dollars pour faire le point. Et ce n’est pas la première fois.

A chaque fois, qu’il est question de payer pour les dégâts, qu’ils ont créé en se développant, ça a toujours été une petite bagarre et quand, dos au mur, ils finissent par accepter le fait accompli, d’autres considérations entre en ligne de compte. Soit, ils ne veulent pas payer, le couteau sur la gorge, dans ces conditions, ils parlent de contribution volontaire ou font carrément le dos rond.

C’est souvent le comportement des pays qui ont une responsabilité historique en matière de pollution de l’atmosphère par les gaz à effet de serre. Dans ce groupe les Etats-Unis sont en tête avec 11% aujourd’hui de production de gaz à effet de serre.

Il y a également, certains pays européens. La Chine bat le record avec 30% de production de gaz à effet et n’attend pas s’arrêter-là, tant qu’elle n’a pas atteint le niveau de développement du pays de l’oncle Sam.

Ce mano à mano fait que la limite du réchauffement imaginé à 1,5°Celsius ou à 2, tout au plus, commence par s’éloigner comme un horizon. Pendant ce temps, les pays pauvres dont le niveau de production des gaz à effet de serre ne dépasse guère 3% assistent incrédules au spectacle.  

Le fonds de financement des pertes et dommages : même schéma ?

La COP27 a failli échouer sur cette thématique. La pression de la société civile, qui s’était exprimée bruyamment, à chaque fois qu’elle en avait l’occasion, aussi bien dans les rues de Sharm El Sheik qu’à l’intérieur du site de la conférence, a fini par payer.

La justesse de ce  fonds pour le financement des pertes et dommages a été reconnue en  Egypte en 2022, et entériné à Dubaï à la COP28, si vite, c’est-à dire, dès le premier jour de l’ouverture des travaux, certainement pour couper court à toute sorte de manifestation pouvant troubler  ladite conférence.

Néanmoins, le chemin reste long. Mis à part le pays hôte et quelques intentions notifiées, ici et là, il est difficile aujourd’hui de savoir à quoi va ressembler ce fonds ? Sa taille ? Quelles pertes et quels dommages compensés.

Les pays, les premiers, à être pris en compte dans le partage et les critères de sélection. Mes parents d’Avogbanna, dans l’Arrondissement de Bohicon ne produisent plus depuis de longues années le sorgho parce que la saison qui le permettait a disparu. Est-ce que ce fonds va prendre en compte les pertes occasionnées par ce manque à gagner.

Mes cousins qui sont dans la vallée de l’Ouémé qui voit disparaitre chaque saison des pluies leurs récoltes et leurs biens, doivent-ils s’attendre à quelque chose ?

Ce sont des préoccupations auxquelles des réponses doivent être apportées très rapidement pour que les pays pauvres, victimes du réchauffement climatique ne continuent pas à croire à la justesse de cette petite fable, je cite « la raison du plus fort est toujours la meilleure », fin de citation.

Le tableau risque de ne pas être très réjouissant si le fonds de financement des pertes et dommages doit connaitre le même sort que les autres.

Didier Hubert MADAFIME

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