Notre équipe a reçu en entretien le Directeur Exécutif du CORAF Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles. C’était lors de la concertation régionale pour établir l’Alliance pour le développement de l’Agriculture Intelligente Face au Climat en Afrique de l’Ouest.
Cette assise d’envergure internationale a eu lieu à Dakar au Sénégal. Entretien express avec le Docteur Abdou TENKOUANO Directeur exécutif CORAF, au micro de Giraud Togbé.
Le CORAF est une organisation née en 1987, de la volonté des institutions nationales de recherche agricole, de fédérer leurs efforts pour renforcer la synergie d’action.
Nous sommes implantés ici au Sénégal. Il faut dire que la rencontre de ce jour vise à dynamiser l’Alliance pour le développement de l’Agriculture Intelligente Face au Climat en Afrique de l’Ouest.
Il s’agit ici d’une organisation mise en place par CEDEAO en 2015 et pour laquelle le CORAF agit comme un bras technique de la CEDEAO, avec aussi d’autres commissions économiques sous régionale comme l’UEMOA, la CEAC en Afrique centrale et la CEMAC.
Quel rôle jouez-vous donc, dans le cadre de cette concertation?
Notre rôle est d’utiliser les intelligences des chercheurs pour essayer d’accompagner les politiques dans la marche vers le développement.
Aujourd’hui, nous avons cette opportunité, et ceci depuis 6 ans que l’alliance a été mise en place. Les progrès c’est déjà le fait que chaque pays ait mis au point ce qu’on appelle ” un plan national d’investissement agricole ‘’, dans lequel se trouve le principe de l’agriculture intelligente face au climat.
Cela est un progrès indéniable.
Ensuite, il s’agit maintenant de faire en sorte que ces programmes qui ont été mis en place soient effectivement livrés sur le terrain et pour se faire.
Il faut que les technologies soient disponibles et cela est notre rôle au niveau du CORAF ; d’amener les chercheurs à comprendre qu’il est temps que certaines technologies quittent les laboratoires pour aller sur le terrain.
Et comme technologie, il y a les variétés de cycle court qui permettent de materniser la probabilité de récolter lorsqu’on a semé par exemple, les techniques de rétention de l’eau pour les cultures.
Quels sont les problèmes existants et que faire concrètement sur le terrain ?
Nous avons l’accélération de la dégradation du climat et de nos ressources naturelles. Nous interpellons tout le monde pour l’accélération de notre action collective.
Nous sommes en Afrique de l’Ouest, à la convergence de beaucoup de paradoxes : nous ne manquons pas d’eau car elle tombe massivement, mais en très peu de temps.
Si nous pouvons améliorer la capacité de rétention de cette eau, nous pouvons l’utiliser pendant une période longue pour irriguer.
Deuxième chose, il faut faire en sorte que cette irrigation se fasse toute l’année, ce qui induira que l’agriculture soit plutôt permanente, que saisonnière.
Ce sont là, deux actions dont la concrétisation impliquera un changement radical qui conduira à l’éradication de la faim, qui est à date, l’une des menaces les plus mortelles du continent.
Nos actes se résumeraient à voir, comment redynamiser les plans et entrer en action. Nous dirons aussi que les technologies sont disponibles pour animer ces plans.
Quelle sera la part de responsabilité des décideurs ?
Il faut savoir qui sont ces décideurs, la place qu’ils occupent. C’est aussi nous qui les interpellons, c’est nous les véritables décideurs.
Les politiques, eux ils ont les moyens qu’on leur a donnés par des mandats électoraux. Aux autres (ndlr : les chercheurs) de mettre en place les systèmes d’utilisation des ressources quand ils ont le contrôle pour opérer les changements.
Donc les décideurs c’est vous et nous. Ce n’est pas seulement ceux qui sont dans les bureaux en tant que responsable politique.