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Congrès mondial de la nature: l’UICN définit la feuille de route pour la nature jusqu’en 2045

Le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) s’est clôturé ce mercredi 15 octobre 2025 à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, définissant la vision pour la conservation de la nature pour les vingt prochaines années selon un communiqué de presse.

Organisé pour la première fois dans la région du Golfe, l’événement s’est tenu sous le généreux patronage du Président des Émirats arabes unis, Son Altesse Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan.

Le Congrès de l’UICN 2025 a réuni plus de 10 000 participants sur place et en ligne. Chercheurs, décideurs gouvernementaux, représentants de la société civile, peuples autochtones, acteurs du secteur privé et membres du monde universitaire se sont retrouvés pour débattre et proposer des solutions concrètes aux défis planétaires liés à la biodiversité et au climat.

À travers plus de mille événements, le Congrès a permis de définir les priorités de travail en matière de conservation et de développement durable pour les décennies à venir.

Cette édition marque également une première historique : la tenue du Sommet mondial des peuples autochtones et de la nature. Ce sommet a mis en avant le rôle essentiel des savoirs traditionnels dans la gestion des écosystèmes et la préservation de la biodiversité, en soulignant la complémentarité entre science moderne et connaissances locales.

Une vision partagée pour les deux prochaines décennie

Les membres de l’UICN ont approuvé une Vision stratégique à vingt ans et un nouveau programme de travail pour la prochaine période quadriennale. Son Excellence Razan Khalifa Al Mubarak a été réélue pour un second mandat à la présidence de l’Union, aux côtés de nouveaux membres élus au sein des commissions et du Conseil de l’UICN.

Dans son allocution de clôture, Razan Khalifa Al Mubarak a rappelé l’urgence d’une action collective fondée sur la science et la coopération internationale.

« Notre tâche n’est pas facile, mais elle est essentielle : combler les fossés entre la science et les politiques, entre le climat et la biodiversité, entre les personnes et la planète elle-même.

Razan Khalifa Al Mubarak – Président de l’UICN

Pour rappeler au monde que la nature n’est pas seulement victime de nos excès, mais un allié puissant dans notre survie. Quittons Abu Dhabi avec la certitude que ce qui nous unit est bien plus grand que ce qui nous divise : notre croyance commune dans la résilience de la vie elle-même », a-t-elle déclaré.

La Directrice générale de l’UICN, la Dr Grethel Aguilar, a salué le caractère inclusif et fédérateur de cette édition.

« Ce Congrès témoigne du pouvoir de la collaboration, du travail d’équipe et de l’engagement. Depuis Abu Dhabi, nous envoyons un message clair et uni : nous sommes une Union déterminée à inverser la tendance. Quittons ce Congrès avec un espoir et une détermination renouvelés : défendre la vie, agir pour la nature et construire un avenir où les personnes et la planète prospéreront ensemble », a-t-elle affirmé.

Directrice générale de l’UICN, la Dr Grethel Aguilar

Des résolutions ambitieuses et un appel à l’action

Alors qu’il ne reste que cinq ans pour atteindre les objectifs fixés pour 2030 dans le cadre du Cadre mondial pour la biodiversité, de l’Accord de Paris et des Objectifs de développement durable, le Congrès d’Abu Dhabi a lancé un appel à une mobilisation renforcée de la communauté mondiale. Les discussions ont souligné la nécessité d’intensifier les efforts collectifs et d’encourager des solutions collaboratives transformatrices, profitant à la fois aux populations et à la nature.

Parmi les décisions majeures figurent 148 résolutions adoptées par les membres de l’Union. Ces résolutions incluent notamment la première politique sur la biologie de synthèse en lien avec la conservation, une motion visant à reconnaître l’écocide comme un crime, ainsi que des propositions pour renforcer la gouvernance, l’inclusion et la transparence au sein des instances environnementales.

Ces décisions traduisent une volonté claire de moderniser les outils de gouvernance écologique et d’intégrer les avancées scientifiques récentes dans la prise de décision.

Le Congrès a également publié l’Appel à l’action d’Abu Dhabi, un texte majeur qui invite la communauté mondiale à intensifier les efforts dans cinq domaines prioritaires : réaffirmer la nature comme fondement du bien-être humain, renforcer le multilatéralisme, garantir la justice et l’inclusion, faire progresser les connaissances et l’innovation, et accroître les ressources allouées à la nature et à l’action climatique.

Cet appel définit une vision commune pour une transformation durable et coordonnée entre gouvernements, communautés et secteurs économiques, vers un avenir plus juste, plus résilient et positif pour la nature.

Science, gouvernance et avenir partagé

Les discussions à Abu Dhabi ont également permis de présenter plusieurs résultats scientifiques clés. La mise à jour de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées a révélé des tendances préoccupantes : les phoques de l’Arctique subissent des pressions accrues en raison de la fonte de la banquise, tandis que près de cent espèces supplémentaires d’abeilles sauvages en Europe sont désormais considérées comme menacées.

Par ailleurs, le quatrième rapport sur les Perspectives du Patrimoine mondial a montré que 43 % des sites naturels inscrits à la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO sont aujourd’hui menacés par les changements climatiques. Ces chiffres confirment la nécessité d’une intégration plus forte entre les politiques de conservation et les stratégies climatiques.

Fidèle à son engagement en faveur du développement durable, le Congrès mondial de la nature 2025 a obtenu la certification ISO 20121:2024, garantissant que son organisation répond à des standards environnementaux stricts, depuis la gestion des ressources jusqu’à la réduction des émissions carbone liées à l’événement.

Alors que la planète entre dans une phase cruciale pour inverser la perte de biodiversité, l’UICN appelle les gouvernements, la société civile et les entreprises à renforcer les synergies entre les différents accords environnementaux internationaux.

Les regards se tournent désormais vers la COP30 de la CCNUCC à Belém, au Brésil, où la communauté mondiale devra traduire cette vision en engagements concrets pour un avenir neutre en carbone, résilient et positif pour la nature.

Le Congrès mondial de la nature de l’UICN 2025 s’affirme ainsi comme un moment charnière pour la gouvernance écologique internationale, réaffirmant la place de la science, de la solidarité et de la coopération au cœur de la transition vers un monde durable.

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