Au Burkina Faso, de plus en plus d’entreprises intègrent les technologies au cœur de leur fonctionnement pour gagner en efficacité. Parmi les acteurs qui facilitent cette transition, figure Ibrahima Ouédraogo, directeur général de Smart Press, une structure spécialisée dans les domaines de l’informatique, des télécommunications, du marketing et de l’intermédiation commerciale.
Il propose aux entreprises des solutions intégrées adaptées à leurs besoins spécifiques, quel que soit leur secteur d’activité. Parmi ces outils figure Odoo, un logiciel de gestion qui fait partie des solutions proposées aux clients.
Pour mieux comprendre son approche, All For Sciences Media est allé à la rencontre d’Ibrahima Ouédraogo à Ouagadougou. Découvrez son parcours et ses initiatives.
Pouvez-vous vous présenter davantage à nos lecteurs ?
Je suis Ibrahima Ouédraogo. Je suis le promoteur de l’entreprise Smart Press qui existe depuis 2017 de façon informelle et de façon formelle à partir 2020. Nous intervenons dans le domaine informatique en conception et développement d’applications, solutions de gestion et dans les services à valeur ajouté pour permettre aux entreprises d’être plus productives.
Pourquoi avez-vous décidé d’investir dans ce secteur ?
J’ai décidé d’investir dans ce secteur parce que j’ai beaucoup évolué dans ce milieu. Mais au-delà de ça, il faut dire qu’il y a pas mal de besoins qui ne sont pas satisfaits. Donc, quand j’étais en entreprise, il n’y avait pas mal d’entreprises qui étaient dans le besoin.
Peut-on revenir sur la formation académique ?
Il faut dire que je ne suis pas un informaticien à la base. Je suis technico-commercial, donc j’avais une connaissance du domaine marketing. La raison qui m’a poussé, ce sont les données en tant que tel. On entend par données, l’ensemble des informations qu’on peut recueillir sur une personne.
Dans le domaine commercial, la donnée est très importante. C’est ce que j’appelle la valeur à vie d’un client. C’est-à-dire à chaque étape d’évolution d’une personne, si on a ses informations, on peut lui proposer un service adapté à ses besoins.
Et on ne peut gérer ce volet-là avec précision et pertinence qu’avec les outils informatiques. Donc, c’est ce qui fait que je me suis entouré d’informaticiens.
Vous proposez des solutions intégrées et des ERP aux entreprises. Qu’entend-on concrètement par solutions intégrées ?
Je prends un exemple très simple. Dans une entreprise, il y a plusieurs corps de métier. Par le passé, chaque département avait son logiciel propre. Mais avec la solution intégrée, c’est la même solution qui intègre les différents corps de métier sur la même plateforme. Le RH a ses accès, la comptabilité a son accès, la vente a ses accès, etc.
Du coup, ils travaillent sur une même base de données en interaction. Si le commercial mène des actions, par exemple, une facture ou une vente, c’est-à-dire que cette même information est disponible pour comptable pour faire les acquittements. Cela permet à toute l’équipe d’aller plus vite, plus efficacement.
Vous parlez également du système ERP. De quoi il s’agit exactement ?
ERP, c’est Enterprise Resources Planning. C’est une solution de gestion des ressources d’une entreprise. Les ERP permettent donc de pouvoir gérer le système. Le salaire est traité depuis la plate-forme ainsi que les avancements, les congés, les arrêts maladies, suivi de carrière, etc. Donc les ERP permettent de pouvoir gérer ces ressources de façon efficace.
En ce qui vous concerne, vous utilisez ERP ODOO
Affirmatif. ODOO, c’est un ERP belge en open source. Cela veut dire qu’il y a deux versions. Il y a la version entreprise qui est orientée entreprise. Elle est payante. Elle est entièrement personnalisable. Si le besoin du partenaire, du client est bien élaboré, on peut faire de belles choses avec ODOO.
On peut avoir ODOO en local tout comme on peut l’héberger dans le cloud. Et en ce moment, partout dans le monde, vous pouvez accéder et y mener vos activités en toute quiétude.
Est-ce que c’est vous qui identifiez les entreprises pour leur faire des offres ou ce sont des entreprises qui sont dans le besoin et qui viennent vous voir pour trouver des solutions ?
Nous faisons des prospections et par moments, il y a des entreprises qui viennent vers nous. Généralement, la plupart de nos clients, c’est par recommandation. On a eu à implémenter chez X. Donc, l’expérience fut une réussite et ce dernier nous recommande.
Et on ne se plaint pas. Quand un produit est recommandé, cela signifie qu’il est de qualité. Il faut dire qu’actuellement, la tendance est orientée ODOO du fait de la possibilité de la customiser.
Depuis quand vous mettez ces solutions à la disposition des entreprises ?
Avec Odoo si le besoin est connu et s’il n’y a pas de custom pour une entreprise de petite taille, le coût peut varier entre un million et un million et demi de francs CFA.
J’ai travaillé dans une entreprise qui utilisait ODOO pour nos ventes, nos facturations, etc. au sein de cette entreprise nous avions donné des formations grand public avec des spécialistes venus de l’extérieur en son temps et c’était un succès. Ce qui fait que j’ai la maitrise de ODOO et depuis lors je l’utilise.
Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés ?
Il y en a tellement. Déjà, quand on met en place une équipe, il faut que vous ayez la même vision. Et cela m’amène à paraphraser Hugues qui dit qu’on ne réfléchit pas de la même manière, selon qu’on vit dans un château ou selon qu’on vit dans une cabane.
L’autre défis est relatif au financement qui n’est pas simple. Souvent des banques demandent des garanties que tu ne possèdes pas.
Notre ambition c’est d’aller au-delà des frontières du pays. Mais, avant d’aller dans la sous-région, il faut d’abord conquérir le marché national. Pour ce faire, on veut mettre en place une équipe dynamique avec plusieurs ressources et qui pourraient travailler simultanément sur plusieurs projets.
Ibrahima Ouédraogo, directeur général de Smart Press
On souhaiterait faire un espace de co-working et de l’incubation, c’est-à-dire mettre en place un département à part entière pour proposer plus de services et de solutions aux entreprises. On essaie toujours d’anticiper mais cela nécessite beaucoup de ressources…
Est-ce qu’il existe une politique d’accompagnement des entreprises comme la vôtre ?
Oui, il y a une politique qui existe de nos jours. Il y a des projets qui sont là pour accompagner la jeunesse, mais pas forcément des start-ups. Donc pour accompagner la jeunesse, en ce moment, il y a le facteur âge qui est souvent moins de 35 ans.
Ibrahima Ouédraogo, directeur général de Smart Press
En fait, il y a une question d’orientation. Au lieu de dire start-up, on dit jeunesse. Cela élimine beaucoup d’entreprises qui ont pourtant besoin d’argent pour le travail.
De façon concrète, comment vous voyez l’avenir de l’univers de la créativité scientifique dans le domaine de start-up, de l’innovation et de la création au niveau du Burkina Faso et en Afrique ?
Je dirai que l’évolution dans le domaine de l’innovation, les techs, les start-ups au Burkina Faso et en Afrique, il y a beaucoup à faire. Nous sommes en chantier. Par moments, je dis à certaines personnes que nous ne sommes pas encore rentrés dans le XXIe siècle.
J’entends souvent des gens dire que tel domaine est saturé. Non, il n’y a pas de domaine qui soit saturé. Tout est une question de perspective et de comment on se projette.
Alors tout est à refaire. Quel que soit le domaine dans lequel on se lance, il faut être passionné. C’est bien vrai que c’est l’argent qu’on cherche généralement mais au-delà de l’argent, il faut aimer ce qu’on fait. Et puis se donner les moyens. Il ne faut pas se limiter uniquement à ce qu’on nous donne de façon académique.
Interview réalisée par Masbé NDENGAR