Sous le thème « Une Afrique verte et résiliente », les anciens boursiers du DAAD (Service allemand d’échanges universitaires) se sont retrouvés à Dakar pour une journée d’échanges axée sur la transition écologique et énergétique du continent.
Organisé en partenariat avec le Youth Alliance for Agroecology and Climate Young (YAAC), l’événement a réuni chercheurs, entrepreneurs, universitaires, représentants d’organisations internationales et jeunes acteurs du développement durable.
Dès l’ouverture, les interventions d’Alexandre Zoumman, coordinateur du projet, du professeur Aboubacry Kane, chef du département de biologie végétale de l’Université Cheikh Anta Diop, ainsi que des représentants de l’ambassade d’Allemagne et de l’Union européenne, ont souligné l’urgence d’un engagement collectif face aux défis environnementaux comme la hausse des températures, baisse des précipitations, salinisation des sols ou encore perte de biodiversité.
Dès l’ouverture, Alexandre Zoumman, coordinateur du projet et président du YAAC, a donné le ton de la rencontre.
« Le continent africain, qui ne génère que 3 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, figure paradoxalement parmi les régions les plus vulnérables aux impacts du dérèglement climatique. […] La transition écologique et énergétique n’est donc plus une option politique, c’est un impératif », a-t-il déclaré, appelant à une mobilisation collective pour bâtir une Afrique capable de transformer ses vulnérabilités en opportunités durables.
Pour le Prof Kane Aboubacry Kane, chef du département de biologie végétale de l’Université Cheikh Anta Diop « l’Afrique doit miser sur la recherche et la coopération scientifique pour construire sa résilience ».
Valoriser les ressources locales
Parmi les initiatives présentées, celle du Dr Emmanuel Noumsi, chercheur postdoctoral camerounais en séjour scientifique au Sénégal, a retenu l’attention. Son projet, centré sur la biofortification des aliments en fer et en zinc à partir de produits résiduels organiques, illustre parfaitement la capacité des chercheurs africains à transformer les ressources locales en leviers de développement durable.
« Nous avons prouvé qu’à partir de ressources organiques locales et microbiennes, il est possible d’améliorer la qualité nutritionnelle d’aliments comme le niébé ou la patate douce », explique le Dr Noumsi.
Cette recherche, issue de son travail doctoral, ouvre la voie à une lutte innovante contre la malnutrition grâce à la valorisation des déchets organiques. La première phase du projet consiste à publier et vulgariser les résultats, tandis que la seconde visera à former des producteurs et techniciens agricoles à l’utilisation de ces biofertilisants simples, peu coûteux et adaptés aux réalités rurales.
Au-delà des présentations, la rencontre s’est voulue un espace de partage d’expériences et de construction d’une vision africaine du développement durable.
« Ce cadre nous pousse à réfléchir ensemble à une agriculture écologique, respectueuse des écosystèmes, en rupture avec les modèles intensifs destructeurs », a confié le Dr Noumsi.
Les discussions ont abordé des thématiques variées : le leadership des jeunes dans la transition écologique, les liens entre agro-écologie et sécurité alimentaire, la finance verte, ainsi que la place du genre et de l’inclusion dans les stratégies de durabilité.
Ces échanges ont permis de dégager des pistes concrètes pour renforcer l’implication des jeunes dans la gouvernance environnementale et promouvoir des modèles agricoles durables portés par la recherche africaine.
La seconde journée s’est poursuivie sur le terrain, au Parc forestier et zoologique de Hann, où les participants ont organisé une activité de sensibilisation et remis un appel à l’action aux autorités sénégalaises. Ce geste symbolique traduit l’engagement des alumni du DAAD à agir collectivement pour une Afrique plus verte, équitable et résiliente.
Une Afrique qui pense global et agit local
À travers le DAAD Alumni Event 2025, se dessine une Afrique scientifique et solidaire, capable de relier recherche, innovation et action locale. Les initiatives portées par des chercheurs comme le Dr Noumsi démontrent que la science africaine peut contribuer à repenser les modèles agricoles et nutritionnels du continent.
« L’avenir de l’Afrique sera vert, innovant et inclusif, ou il ne répondra pas aux aspirations légitimes de nos peuples. Cet avenir, nous le construirons ensemble Africains, Allemands, Européens unis par une vision commune, celle d’une planète vivante, équitable et durable pour tous. », rappelle Alexandre Zoumman, coordinateur du projet,
Roger Kpeteka & Kuessi Togbé