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Les données spatiales : un outil stratégique pour contrôler l’érosion côtière en Afrique

L’érosion côtière est aujourd’hui l’une des menaces les plus sérieuses pesant sur les littoraux africains. Elle provoque la perte de terres, met en danger des infrastructures essentielles et menace directement les moyens de subsistance des communautés côtières.

Face à ce phénomène amplifié par le changement climatique et l’urbanisation rapide, les données issues de l’observation de la Terre apparaissent comme une solution incontournable pour mieux comprendre, anticiper et atténuer les impacts de l’érosion.

Selon le document Coastal Erosion Cookbook publié dans le cadre du projet « Coastal Erosion from Space » de l’Agence spatiale européenne, l’imagerie satellitaire permet de suivre avec précision l’évolution du trait de côte à différentes échelles temporelles et spatiales.

Cette technologie offre aux décideurs une vision claire de l’accrétion et de l’érosion sur plusieurs décennies, en s’appuyant sur des indicateurs fiables comme les Waterlines (ligne de flottaison) et les Shorelines (ligne de rivage corrigée des effets de marée).

Ces données facilitent la planification de stratégies adaptées, qu’il s’agisse de protéger les infrastructures existantes, de restaurer des écosystèmes comme les mangroves, ou encore de concevoir des politiques d’aménagement durable.

Un des atouts majeurs de l’observation spatiale réside dans sa capacité à couvrir de vastes zones à moindre coût.

Là où les relevés de terrain demandent d’importants moyens humains et financiers, les satellites Sentinel-2 ou Landsat fournissent gratuitement des images précises à une résolution de 10 à 30 mètres.

Ces données, disponibles tous les 5 à 10 jours, permettent un suivi continu et une réactivité accrue face aux événements extrêmes comme les tempêtes.

En Afrique de l’Ouest, où certains pays comme le Sénégal, le Bénin ou la Côte d’Ivoire perdent chaque année plusieurs mètres de littoral, des initiatives régionales exploitent déjà ces technologies.

Le programme GMES & Afrique a par exemple développé des services côtiers intégrés basés sur l’imagerie spatiale.

Ces services permettent non seulement de surveiller le recul du littoral, mais aussi d’évaluer les impacts sur les écosystèmes côtiers et d’orienter les actions de conservation. Au Ghana, la cartographie satellitaire a contribué à mieux planifier des projets de recharge des plages et de protection des estuaires.

L’apport de la donnée spatiale ne se limite pas au diagnostic. Comme le souligne le document de l’ESA, les séries temporelles de données satellitaires fournissent une base essentielle pour distinguer les changements saisonniers des tendances à long terme.

Cette différenciation est cruciale pour éviter des décisions biaisées, un risque bien réel si l’on se fonde uniquement sur des observations ponctuelles. En combinant imagerie satellitaire et données de terrain, les autorités peuvent concevoir des politiques publiques plus robustes et réduire les coûts liés à la lutte contre l’érosion.

Enfin, ces outils offrent une dimension participative et inclusive. Les cartes produites à partir des images satellites sont facilement intégrées dans des systèmes d’information géographique (SIG), accessibles aussi bien aux chercheurs qu’aux collectivités locales.

Cela favorise une gestion concertée, où les communautés côtières disposent d’informations fiables pour s’impliquer dans la protection de leur environnement.

En définitive, l’essor des technologies spatiales marque un tournant dans la gestion des zones côtières. Pour l’Afrique, où plus de 100 millions de personnes vivent à moins de 100 km du littoral, leur adoption représente une opportunité stratégique.

En s’appuyant sur les outils développés dans le cadre de GMES & Afrique et les solutions mises en avant par le projet Coastal Erosion from Space, le continent peut renforcer sa résilience face à une menace qui, sans action concertée, ne fera que s’aggraver.

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