ACTU SCIENCE ENVIRONNEMENT

CIRAWA : bilan des avancées et perspectives pour l’agroécologie en Afrique de l’Ouest

Le projet CIRAWA au Sénégal vise à relever ces défis par le biais d’études sur la fertilité des  sols, le développement d’engrais biologiques, la conservation des sols et la récupération des  sols salins à l’aide d’espèces de riz tolérantes au sel.

Dans la ferveur feutrée d’une salle de réunion de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, diverses voix se sont élevées, entre responsables d’ONG, chercheurs, représentants de l’État, ingénieurs et producteurs agricoles. Tous réunis autour d’une même table pour comprendre pourquoi, malgré son potentiel évident, l’agroécologie tarde à s’étendre au Sénégal.

Organisée ce 11 avril 2025 par l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) et le Centre de Recherche,  Innovation et Développement Appliqué aux Entreprises, (CARTIF )  dans le cadre du projet CIRAWA, la table ronde avait pour thème : « les défis et obstacles à la mise en œuvre à grande échelle des pratiques agro écologiques ».

L’objectif  est d’examiner les avancées du projet et planifier les prochaines étapes de mise  en œuvre des solutions agro-écologiques dans les pays d’Afrique de l’Ouest cibles du projet. Il s’est spécifiquement agi pour les différents acteurs de faire part de leurs réflexions sur « les défis et obstacles à la mise en œuvre à grande échelle des pratiques agroécologiques».

L’agriculture, celle du Sénégal, doit changer et le chemin est long, semé d’embûches, les solutions n’étant pas toujours appliquées par les acteurs sur le terrain, c’est l’un des points de concorde sur lequel se sont entendus les différents acteurs réunis.

S’il est vrai que les visions sont nobles et que les acteurs semblent comprendre les enjeux de l’agroécologie, les conditions, elles, ne sont pas toujours favorables.

À cette table ronde, les agriculteurs, par la voix d’un des leurs, ont fait comprendre que l’agriculture écologique, ils y croient, mais qu’ils éprouvent le besoin d’aide pour s’y engager. « Il y a du soleil, de l’eau, des terres. Mais les paysans sont seuls », a affirmé Wade, agriculteur.

Dans sa région, par exemple les sols sont, appauvris, parfois salinisés. Aussi, l’utilisation massive d’engrais chimiques a provoqué une perte de qualité des terres, sans oublier l’accès au foncier qui demeure une équation non résolue, surtout pour les jeunes et les femmes.

Cette rencontre a été l’occasion pour les acteurs du terrain de réitérer leur besoin de soutien étatique, notamment sur les plans de la formation, des financements, d’un meilleur accès à la terre et des infrastructures adaptées.

Faustin Lalyre, engagé dans des projets de jardins pédagogiques et d’alimentation scolaire et représentant de l’ONG Gret a évoqué l’importance d’une gouvernance plus inclusive. Il a rappelé que les projets ne peuvent pas réussir s’ils sont pensés de façon isolée.

Il faut associer les collectivités locales, les producteurs, les techniciens, et même les voisins des pays frontaliers. « Dans la vallée du fleuve Sénégal, on partage l’eau avec la Mauritanie. Il faut donc des politiques agricoles transfrontalières si on veut avoir un impact », dit-il.

De la faible valorisation des résultats de recherche scientifique

L’autre défi, en parlant d’agriculture écologique, est aussi la valorisation des recherches effectuées. Mame Farma N’Diaye, chercheuse à l’ Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), a regretté qu’on produise des données, qu’on ait des solutions locales, « mais elles ne sont pas assez diffusées, ni prises en compte ».

Elle a aussi souligné que les projets du gouvernement ne consultent que rarement les chercheurs à temps. Conséquence, dit-elle, « les actions manquent d’efficacité sur le terrain».

Beaucoup de projets, peu de coordination

Des projets gouvernementaux pour concrétiser à grande échelle l’agroécologie, ce n’est pas ce qui manque. Toutefois, le manque de suivi et de coordination affecte l’impact de ces projets. Dr Sabaly, représentant du ministère de l’Agriculture, l’a reconnu.

Pour le cadre, il est urgent d’« harmoniser les efforts et mieux accompagner les producteurs ». De nombreux autres points ont pu être passés en revue au cours de la table ronde. Elle a d’ailleurs permis de lancer encore une fois l’alerte pour que les acteurs à divers niveaux puissent davantage se mobiliser, la situation étant plus que jamais urgente.

CIRAWA consortium visited the Mbane region for an awareness-raising campaign focused on 𝗮𝗴𝗿𝗼𝗲𝗰𝗼𝗹𝗼𝗴𝘆

CIRAWA travaille avec des petits exploitants agricoles en Afrique de l’Ouest afin d’améliorer la  nutrition, les moyens de subsistance locaux et la santé des écosystèmes.

En réunissant 16  partenaires issus de 9 pays, CIRAWA développe de nouvelles pratiques agroécologiques  basées sur les connaissances locales et scientifiques existantes afin de créer des chaînes  d’approvisionnement alimentaire plus résilientes dans 8 régions du Cap-Vert, du Ghana, du  Sénégal et de la Gambie. 

Le projet CIRAWA au Sénégal vise à relever ces défis par le biais d’études sur la fertilité des  sols, le développement d’engrais biologiques, la conservation des sols et la récupération des  sols salins à l’aide d’espèces de riz tolérantes au sel.

En outre, un système d’aide à la décision  pour la gestion des cultures est en cours de développement afin d’optimiser l’irrigation et la  fertilisation. Deux régions d’études de cas clés pour ces initiatives sont la vallée du fleuve  Sénégal dans le nord et la zone du centre-ouest.

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Vous aimerez aussi

Voir plus