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Recherche et innovation dans la lutte contre le paludisme : la malaria en passe d’être éradiquée en Afrique ?

Selon l’OMS, le paludisme touche plus de 219 millions de personnes dans le monde chaque année, et 90 % des cas surviennent en Afrique. Tuant principalement les enfants de moins de 5 ans, le paludisme est la première cause de mortalité infantile en Afrique. Face à cette triste réalité, la recherche et l’innovation ont un rôle crucial à jouer dans la quête pour éradiquer le paludisme sur le continent.

En effet, les chercheurs Sud-africains ont récemment mis au point une nouvelle combinaison de molécule pour lutter contre le paludisme. La molécule UCT943, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a, selon les chercheurs de l’Université du Cap en Afrique du Sud, le potentiel de contribuer à l’éradication du paludisme.

Au micro de nos confrères de AFRICA 24, Kelly Chibale, directeur de recherche à l’Université de Cap en Afrique du Sud, affirme que cette nouvelle découverte dans le traitement du paludisme est prometteuse, et qu’elle intervient à tous les stades du cycle de traitement et offre une protection contre les parasites du paludisme.

Dans un article publié sous le thème : « UCT943, Next-Generation Plasmodium falciparum PI4K Inhibitor Preclinical Candidate for the Treatment of Malaria », Christel Brunschwig et plus de 25 autres chercheurs attestent que l’UCT943, sur la base des données précliniques combinées, a le potentiel de faire partie  d’un traitement radical et prophylactique à exposition unique (SERCaP) pour traiter, prévenir et bloquer la transmission du paludisme.

« Cette molécule est développée avec succès tout au long des essais cliniques. Elle a vraiment le potentiel de contribuer à l’éradication du paludisme », a rassuré Kelly Chibale, directeur de recherche à l’Université du Cap. 

L’artésunate injectable, l’autre molécule antipaludique qui fait des merveilles en Afrique

Développée et introduite dans le traitement du paludisme au Sénégal, la molécule de l’artésunate s’est révélée très efficace. Major au Centre de Santé de Kédougou, Khadidiatou Ndao confirme que l’artésunate injectable à beaucoup d’avantages dans le traitement du paludisme. « Avec la quinine, on hospitalisait le patient pendant 4 à 6 jours. Mais maintenant avec l’artésunate, l’hospitalisation ne dure plus que 48h ou 72h », a-t-elle laissé entendre au micro de AFRICA 24.

Des propos soutenus par Ismaël Ndiaye, un des patient traité à l’artésunate injectable qui, à l’en croire, fut guéri 24h après avoir pris la molécule. Des avancées dont se réjouit Dr Marie-Reine Fabry Jibidar, spécialiste du paludisme pour l’UNICEF Afrique de l’Ouest et du Centre, qui pense qu’il y a eu d’énormes progrès réalisés, notamment ces 10 dernières années où les interventions efficaces contre le paludisme ont été mises en œuvre.

Le projet REACT pour une meilleure prise de décision   

Dans leur quête pour éradiquer le paludisme sur le continent, les chercheurs en Afrique ne cessent de multiplier les stratégies. A travers le projet REACT, les chercheurs notamment ceux de l’Institut de Recherche pour le Développement, de l’Institut Pierre Richet, de l’Institut National de Santé Publique en Côte d’Ivoire et de l’Institut de Recherche en Science de la Santé au Burkina Faso entendent produire des données scientifiques « robustes », afin d’aider les autorités à la prise de décision pour lutter contre le paludisme.

Le projet consiste à étudier les populations de moustiques et à identifier ceux qui sont les vecteurs du paludisme. Le but définitif de la lutte anti vectorielle, selon le Dr Serge-Brice Assi, épidémiologiste à l’Institut Pierre Richet, c’est la réduction du poids de la maladie, et la meilleure manière d’évaluer cette réduction du poids de la maladie est d’aller vers les communautés et d’examiner les enfants et les adultes, pour voir s’il y a une réduction du nombre de cas du paludisme, et s’il y a une réduction du portage du parasite.

Le Dr Cédric Pennetier, coordinateur du projet, se montre optimiste quant à l’impact que pourrait avoir le projet sur la réduction de la transmission du paludisme dans les localités concernées. En plus de ces diverses recherches et innovations, Dr Annabelle Ekue Hounkponou, Pharmacienne et Directrice Générale de la Pharmacie Camp Guezo à Cotonou ajoute la nouvelle initiative T3 : Tester. Traiter. Tracer visant à améliorer l’accès au diagnostic et au traitement du paludisme et intensifier la surveillance épidémiologique du programme mondial de l’Organisation Mondiale de la Santé de lutte antipaludique.

Autant d’initiatives qui, combinées avec l’utilisation des nouveaux vaccins antipaludiques, contribueront à coup sûr à éradiquer le paludisme sur le continent. 

Le ministre béninois de la santé, le Pr Benjamin Hounkpatin, l’a rappelé au cours du lancement officiel de la journée mondiale de lutte contre le paludisme, le 25 avril dernier. La combinaison de la vaccination avec les autres mesures de lutte contre le paludisme, telles que l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action, la lutte anti vectorielle à travers notamment la pulvérisation intra domiciliaire, le traitement préventif intermittent des femmes enceintes, le recours aux antipaludique, le tout adossé à la nouvelle politique de santé communautaire, va contribuer à réduire significativement les décès liés au paludisme. 

Ainsi, avec un engagement croissant des chercheurs africains dans la recherche de solutions innovantes contre le paludisme, dans les prochaines années, entre les peuples africains et la malaria, la peur pourrait changer de camp pour le bonheur des hommes et femmes du continent.

Venance Ayébo TOSSOUKPE 

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