Les piqûres de moustiques au cours de la journée dépassent les estimations précédentes et pourraient réduire l’efficacité des efforts de lutte contre le paludisme. C’est ce qui sort du résultat d’une étude scientifique publiée dans la revue PNAS le 16 mai 2022. Cette étude implique des chercheurs de l’IRD et de l’Institut Pasteur de Bangui (République centrafricaine).
Les auteurs de l’étude ont en effet collecté des moustiques (Anopheles spp.) à l’intérieur et à l’extérieur durant des sessions mensuelles de 48 heures pendant une période d’un an à Bangui.
D’après les expériences, les outils de protection contre les vecteurs, tels que les moustiquaires imprégnées d’insecticide, se sont traditionnellement concentrés sur la réduction des piqûres de moustiques la nuit et à l’intérieur. Ce qui traduit que le comportement de piquage diurne des moustiques qui propagent le paludisme a été considérablement négligé.
En effet, les chercheurs ont modélisé les évènements de piqûre à l’aide de statistiques circulaires. Ce qui permet de mieux comprendre la périodicité des piqûres afin de faire l’évaluation des modèles journaliers complets du rythme des piqûres de moustiques dans un milieu urbain.
Les résultats de l’étude
Les résultats montrent que la majorité des piqûres ont lieu à l’intérieur, entre le crépuscule et l’aube. Toutefois, les chercheurs ont remarqué que 20 à 30% environ des piqûres de moustiques se produisaient à l’intérieur au cours d’une journée.
Ainsi, un nombre important de moustiques peut se nourrir quand les gens ne sont pas protégés et échappent donc aux interventions de lutte contre le paludisme. Or, selon le dépistage de l’agent pathogène du paludisme (Plasmodium falciparum), les moustiques qui piquent la nuit et le jour avaient des taux d’infection similaires.
D’après Diego Ayala, entomologiste médical et spécialiste de biologie évolutive à MIVEGEC et dernier auteur de l’étude, “les piqûres diurnes ont lieu à tout moment de la journée, à un rythme constant”. Et “faute d’être empêchées, elles pourraient représenter une part substantielle des infections au paludisme”.
Les auteurs de l’étude, selon eux, pensent que les tactiques de contrôle des moustiques devraient cibler aussi les endroits où les personnes passent du temps à l’intérieur et loin de chez elles, dans une journée. Ceci afin de mieux faire progresser l’objectif d’élimination du paludisme.
Le scientifique estime sans doute que : «l’aspersion intra-domiciliaire, qui consiste à appliquer des insecticides à longue durée d’action sur les murs intérieurs des habitations, pourrait être étendue aux écoles pour mieux protéger les enfants, premières victimes du paludisme».
Source : communiqué de presse IRD